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Chaïbia

Chaïbia Talal


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Chaïbia

Chaïbia peignait son environnement quotidien, celui du peuple, des femmes et de la campagne comme dans les tableaux «Les tisseuses de Chtouka» datait de 1987 ou «Les trois fleuristes», une toile peinte en 1990.

Chaïbia se moque des codes et de l’histoire de l’art. Elle reste à l’écart des problématiques de la peinture du XXe siècle.

Devant les toiles de Chaïbia, on est immédiatement frappé par leur exubérance chromatique.

Toutes ses œuvres sont une explosion de couleurs qui jaillissent avec vitalité sur tout l’espace de la toile : du rouge, du jaune, du bleu, du vert, des couleurs puisées directement dans le tube de gouache, sans même être mélangées.

Dans l’œuvre de Chaibia, les couleurs sont là pour célébrer la vie.

Le blanc, toujours présent également, renvoie avec force la lumière de la vie.

Et s’il est vrai que l’œuvre d’un artiste trouve souvent une résonance dans sa vie personnelle, dans le cas de Chaïbia, les deux sont indissociables.

La puissance que dégagent ses peintures trouve écho dans la femme exceptionnelle qu’elle fut. Une femme libre comme l’air, libre comme l’art, qui peint comme elle respire.

Allez dans la rue et demandez à la première personne que vous croisez qui est Chaïbia ? La réponse fuse tout de suite.

Car Chaïbia est sans conteste la seule artiste-peintre populaire au Maroc. Et pour cause. À chaque apparition, elle cassait en mille morceaux l’image que l’on se fait de l’artiste, un intellectuel étrange, inaccessible, et obscur.

Chaïbia, elle, parlait la langue du peuple, la darija de sa Chtouka natale. Elle portait des caftans.

Tout en elle marquait les esprits : son caftan, ses bijoux, son embonpoint et cette façon simple qu’elle avait d’expliquer sa peinture : « Je peins les oiseaux, les fleurs, les arbres, les mariages, les femmes« .

Découverte par le critique d’art français Pierre Gaudibert venu voir les toiles de son fils, le peintre Hussein Tallal, Chaïbia montre ses peintures, pour le critique d’art c’est la révélation, et le début de la grande carrière artistique de Chaibia. On écoute Ghita Triki commissaire de l’exposition Chaibia&Tallal « Une œuvre en miroir ».

La démarche de Chaïbia ne s’inscrit pas dans un processus intellectuel qui se réfère à l’art primitif, aux dessins d’enfants ou encore au surréalisme. Son œuvre est inclassable.

Pourtant, si on cherche vraiment à caractériser l’œuvre de Chaïbia, ce serait plutôt du côté de l’art brut dans la définition qu’en donne Jean Dubuffet dans son manifeste en 1949 :

C’est-à-dire un art «exécuté par des personnes indemnes de culture artistique. Dans cet art, le mimétisme, contrairement à ce qu’il se passe chez les intellectuels, a peu ou pas de part. C’est un art pur et brut.

On écoute Ghita Triki commissaire de l’exposition Chaibia & Tallal « Une œuvre en miroir »

Paris, Copenhague, Ibiza, Menton, Rotterdam et d’autres capitales artistiques accueillent l’artiste à bras ouverts.

Les visages de femmes de Chaïbia voyagent à travers le monde, au moment où l’art moderne marocain en est encore à ses débuts et compte seulement une poignée de peintres.

Chaïbia s’exporte jusqu’à La Havane, les plus prestigieux musées et galeries lui ouvrent leurs portes.

Ses tableaux alimentent les collections nationales en France, aux États-Unis, en Italie, et jusqu’au Japon, en Australie, et en Inde.

On retrouve aussi ses toiles dans les plus grandes collections privées, dont celle du roi du Maroc.

Une exposition lui sera consacrée à partir du 9 février au sein de la fondation Attijariwafabank située au siège du groupe à Casablanca baptisée Chaibia& Tallal « une œuvre en miroir », cette exposition inédite au Maroc présente les œuvres de Chaibia et de son fils le peintre Hussein Tallal.


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