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La fin du travail est-elle inévitable?


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Le travail connaît-il ses dernières heures ? Un peu partout, on lit qu’au moins 40% des emplois seront détruits dans les années à venir.  La robotisation, toussa… Alors certes, Schumpeter, la destruction créatrice fait s’exclamer aux plus enthousiastes des Bisounours des valeurs du travail l’idée que d’un autre côté, la majeure partie des emplois de 2030 n’existent finalement pas encore. Et dans tout ça, d’un article au suivant et alors que la France est de plus en plus violemment Nuit Debout contre une loi-travail imposée, alors qu’ailleurs, les cures d’austérité ont permis de faire sauter les verrous du salariat protégé, les gens de moins en moins citoyens, de moins en moins travailleurs, de moins en moins consommateurs, même, puisqu’ils deviennent produits, sont perdus et angoissés.

Ces débats-là, on les connaît, on en parle 20 fois par mois grand minimum. Ad minima, nous dit-on, le monde du travail s’organise différemment. Nous sommes à l’ère de l’ubérisation du travail : la fin du salariat, l’émergence de l’auto-entrepreneur, voilà ce qui permet à chacun, finalement, entre location de leur trajet en voiture à celle de leur appartement de s’en sortir dans un monde de plus en plus concurrentiel où nous sommes clairement des produits en solde parce que surnuméraires.

Alors certes, la révolution numérique et technologique est bel et bien là, oui, il est vrai que déjà, la majeure partie des grandes entreprises, celles qui font et défont les lois et la vertu économique des grands ensembles font plus d’argent sur l’argent que sur le travail, oui. Tout cela est effectif et c’est sans compter sur la possibilité d’une déstabilisation totale du mode de production industriel à courte échéance, quand la révolution de l’impression 3D, à la fois simple, peu coûteuse et à la portée de presque tous, aura eu le temps de se déployer. La vraie question est la suivante : si cette transformation totale du paradigme du travail est inévitable, même si on n’en connaît pas encore tout à fait les contours, ne peut-on pas en faire une utopie, plutôt qu’une dystopie ?

Je vous l’avais dit il y a quelques mois, déjà, ce sont les plus libéraux des idéologues, ceux qui veulent inventer la futur transhumanité, brevetant à tout va aussi bien le vivant que l’informatique, ceux qui peuplent la Silicone Valley, notamment, qui militent le plus virtuellement pour un revenu minimum à vie. Ben oui, si le travail disparaît, qu’on veut ne le payer qu’à la tâche, au moment de productivité et guère plus, pour rester concurrentiel, si vous voulez, il devient de bonne politique que les gens aient tout de même de base de quoi manger, sinon, comment consommeraient-ils ? Et comment maintenir la paix sociale ? La chose n’est pas très coûteuse, ou en tout cas, on peut y trouver un modèle de rentabilité assez facilement. Alors pourquoi se priver ?

L’autre jour, Driss nous disait que peut-être, la démocratie impliquait l’esclavage et que la machine pouvait éventuellement remplir cette fonction. Entre ces deux idées, la Bisounours que je suis en voit poindre une qui me paraît intéressante : et si, demain, la répartition des richesses ne dépendait plus seulement du travail, si l’économie de masse ne dépendait plus que de très peu d’emplois, que deviendrait-on ? Serait-il envisageable que le travail, qui ne peut pas disparaître totalement, ne serait-ce que parce que l’activité est une nécessité humaine, se transforme totalement ? Alors, pourrait-on voir l’émergence, non pas d’un travail valorisé sur le mode de l’auto-entrepreneuriat permanent, où les plus motivés précariseraient tout dans leur vie pour se mettre au service permanent de qui veut bien acheter leur produit, mais au contraire, d’un travail absolument humain, créatif ? Ainsi, l’économie libéralisée jusqu’à la moelle alliée à une technologie triomphante n’amènerait plus la pauvreté d’une part croissante des populations angoissées par le sentiment de leur incapacité à être performants comme les machines qui les remplacent, mais au contraire à revenir à l’essence de ce qu’est l’humanité, son génie créatif et sa propension à faire du lien. Alors, ce serait les métiers des services à la personne et les valeurs de l’artiste et de l’artisan qui reviendraient au centre. Tout le reste, le pragmatique technologique, eh bien oui, nous voilà obsolètes, avec plaisir. Voilà qui plairait bien à la Bisounours que je suis…


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