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pacte de stabilité

Est-ce la fin du pacte de stabilité?


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On n’en a presque pas parlé dans la presse, alors que tous les yeux se tournaient, en Europe, vers la possibilité d’un Brexit. Vous vous souvenez du pacte de stabilité européen? Mais si… La fameuse limite, la ligne rouge des 3% de déficit public à ne pas dépasser. Bon, en fait, pas mal de pays en sont loin, mais ils ont des objectifs, ils doivent s’en rapprocher. Tout cela est prédit, annoncé par les pays qui savent qu’ils rateront leur cible de plus de quelques points de base et Bruxelles tape régulièrement du poing sur la table. C’est ça, la stabilité européenne. C’est ça qui permet à l’Allemagne de tomber à bras raccourcis sur les pays défaillants économiquement, comme la Grèce. Seulement voilà, là, l’Europe a un problème : juste avant que la Grande-Bretagne ne vote sur le Brexit, l’Espagne et le Portugal ont annoncé des déficits publics délirants pour 2015. Pour l’Espagne, l’objectif en sortie de crise était souple : on tablait sur 4,2% du PIB. Sauf que là, on est à 5,1 %, presque 1 point d’écart. Quant au Portugal, c’est encore pire : on attendait 2,7% du PIB de déficit public et c’est 4,4%. 1,7 point de différence ! Ouhlalala !

Là, normalement, ça va barder pour le matricule de la péninsule ibérique. Non ?

Sauf que. Figurez-vous que mi-mai, la Commission européenne a décidé, subreptice, de décaler au mois de juillet la nécessité de statuer sur la mise en œuvre d’un processus de surveillance budgétaire à l’encontre de l’Espagne et du Portugal. Alors pourquoi ? D’abord, parce que ça fait un certain temps que la crise a mis à mal le fameux pacte de stabilité. En 2015, la France est passée à un cheveu d’une sanction mais rien ne s’est passé. Eh oui, la crise… Alors allez reprocher à Madrid, en pleine tourmente politique, vulnérable face à une possible déferlante Podemos, qui pour le coup, fait peur à l’Europe, parce qu’on a l’exemple de la Grèce, de ne pas tenir ses engagements, c’est impossible. Le cas lisboète est différent et plus grave. Ceci dit, comment taper sur le Portugal et pas sur l’Espagne ? Dilemme, dilemme…

Oui, je sais… Par la bande, je viens de comparer l’Eurozone à la Matrice. Ce n’est pas faux, comprenez-moi. Tout part plus ou moins à vau-l’eau, personne n’est réellement en mesure de moufter sans se dire, gardez-vous à droite la sortie de la Grande-Bretagne, gardez-vous à gauche, l’émergence de partis Sirizesques, ça devient dur de réagir brutalement, comme on devrait, lorsque les états prennent un peu de liberté par rapport à leurs engagements. Ceci dit, le fait même d’assouplir à tout va pose un problème, un problème auto-prédictif, qui plus est : ça fragilise considérablement l’Euro.

Mais, selon la bonne technique de l’autruche, il suffit d’enfouir bien sa tête dans le sable en attendant que ça passe, histoire de ne pas voir le problème. Et aussi, en espérant que personne ne le remarque trop. Non, parce que, à bien y réfléchir, Mario Draghi, président de la banque centrale européenne, il ne martelait pas à tout bout de champ que le pacte de stabilité, renforcé et renforcé encore, c’était la clé de voûte de l’euro zone ? S’il sautait, tout s’effondrait ? Ah oui, mais selon Jean-Claude Juncker sur le cas français l’an dernier, déjà « la France, c’est la France ». Oui. Et visiblement, l’Espagne, c’est l’Espagne, le Portugal, c’est le Portugal et la Grèce, c’est le pays des mal-aimés.

Alors comment faire si dura lex sed non vraiment lex ? Qu’est-ce que ça signifie sur la monnaie, sur la structure même de l’euro zone ? Des questions embêtantes, tout de même quand on sait que si beaucoup ont renoncé sans le dire à la possibilité d’une Europe élargie, beaucoup essaient encore tant bien que mal de croire en la possibilité d’une euro zone cohérente, potentiellement fédérale à terme, bref, territoire de l’utopie économique, politique et sociale encore persistante. Pour l’instant, personne n’a vraiment envie de se poser ces questions… On comprend pourquoi, hélas.


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