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servitude volontaire

De la servitude volontaire des élites


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Le « discours de la servitude volontaire », est le titre d’un célèbre ouvrage d’Etienne de la Boétie, publié vers la seconde moitié du XVIème siècle, où il démontre avec subtilité que la servitude, malgré les apparences, est souvent, une servitude volontaire. Mais au-delà des schémas classiques de domination d’une majorité amorphe et atrophiée par une élite organisée et agissante, il est tout à fait possible de transposer le même mécanisme de domination, pour penser la soumission volontaire d’une élite à une super-élite, ou d’une élite nationale à une élite mondialisée.

Aveuglement et ignorance idéologique, effet de prestige, légitimité et adoubement occidental, prestige international, complexe d’infériorité, autant de facteurs qui peuvent contribuer à expliquer le sourire béat et la joie affichée par une partie de notre élite politico-économique, en accueillant une anecdotique amélioration de la position du Maroc dans un classement insignifiant de la Banque Mondiale, où une onction de la part du sa sainteté du FMI, ou enfin un maintien de la note souveraine du Maroc par la sainte-trinité des agences de notation.

Ces mêmes agences de notations qui, la veille du crash des « sub-primes », notaient tous ces produits « triple A », c’est-à-dire sans aucun risque. Ces mêmes agences de notations qui continuent de noter la dette souveraine américaine, la plus importante du monde en valeur, d’un « double A+ ». Question crédibilité, faudra repasser un autre jour.

Sans parler des rapports genre « Doing Business » de cette année, qui classe par exemple le Kosovo, la Géorgie, la Mongolie, devant la Chine et le Brésil. Mais qu’importe, ce qui compte, c’est d’être adoubé par ceux qui comptent, par cette hyper-classe mondialisée, dont les officines idéologiques ne sont ni plus ni moins que ces agences, fondations, Think Tank et autres institutions internationales. Le « Modus Operandi » ? Pas très compliqué. Premièrement, adopter une novlangue qui, faute de profondeur idéologique, donnera l’illusion d’un discours intelligent et complexe. Le peuple n’y verra que du feu.

Deuxièmement, mener à bien des réformes libérales et anti-souveraines, dont on ne comprendra ni les tenants ni les aboutissants, mais ce n’est pas grave, la puissance incantatoire de la novlangue et l’accompagnement de cabinets d’études étrangers permettra de faire croire le contraire, et cerise sur le gâteau, cela permet même à certains de s’en mettre plein les poches, à ceux qui savent tirer profit du système, et qui on en surtout les moyens.

Car il est plus qu’évident que notre élite politico-économique n’a ni les connaissances théoriques, ni la formation et la structuration idéologique pour décider et surtout penser ces réformes libérales et antinationales, qui se décident en réalité pour nous par la technostructure du néo-libéralisme mondialisé, ce nouveau clergé du XXIème siècle, mais que notre élite devra quand même défendre tant bien que mal pour faire croire le contraire, en cherchant notamment à nous chanter la dimension souveraine de ces choix, et à nous rassurer, en nous vantant la situation tout simplement géniale de notre économie, pour justifier par exemple la flexibilisation du taux change. Cela, tout en priant chaque année au sens propre et figuré pour que la pluie tombe, dans l’espoir d’avoir une croissance de 3 ou 4% du PIB.

Et nous, le peuple, en attendant, sommes semblables à des vaches qui regardent les trains passer. Et si jamais nous nous mettions à meugler ou à beugler, on nous démontrera à coups de « slides » et de graphiques joliment colorés, à quel point nous vivons mieux dans le monde magique des classements et des rapports internationaux.


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