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Brexit

Brexit : le séisme


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Hier, je participais à Avec ou Sans Parures et je me suis trompée. Je n’étais pas la seule et d’ailleurs, la semaine d’avant, Reddouan et moi, pour une fois d’accord, nous nous trompions également en chœur. Tous, nous, mais aussi l’immense majorité des analystes pensions le Brexit impossible, que ce serait comme pour le référendum écossais, qu’il y aurait ballotage mais qu’au final… On s’est planté lourdement, on n’a pas su lire les signes pourtant évidents de refus de consentement, on a tablé sur ce qui paraissait raisonnable alors que, clairement, nous sommes dans des temps de crispation, pas de raison.

Bon, c’est peut-être un peu dramatique comme son, d’autant que la Grande-Bretagne n’est certes pas le seul ami de l’UE, si tant est qu’elle ait jamais été réellement son amie, mais enfin. Le fait est que quelque chose de l’ordre du séisme, oui, une apocalypse au sens de fin d’une époque vient de se produire, c’est indéniable. Hier, alors que jusque très tard, tout le monde croyait au Brexin, les britanniques ont voté pour leur départ de l’union à près de 52%, avec un taux de participation record de plus de 72%.

Alors désormais, que va-t-il se passer ? Du moins grave au plus problématique, la transition va déjà prendre au moins deux ans, durant lesquels la Grande-Bretagne devrait souffrir un peu d’incertitudes le temps de négocier un statut équivalent à celui de la Suisse, par exemple. L’UE va se faire prier, évidemment mais les économies sont tellement imbriquées qu’il est presque impossible de refuser. Bien sûr, David Cameron a été contraint de démissionner, mais ça, c’est bien de sa faute tant il a profité de la vague anti-européenne pour son propre bénéfice politique, alors qu’il souhaitait rester en Europe.

Eh oui, ce genre de choses a des conséquences, d’autant qu’en Europe, les mesures prises pour accommoder la Grande-Bretagne énervaient pas mal de monde, même si, sur les derniers temps, sentant le vent de la panique souffler, bien des concessions ont été concédées dans la précipitation.

Las, cela n’aura pas suffi. Alors, conséquences, donc. Pour la Grande-Bretagne, les plus optimistes tablent sur une instabilité passagère de la monnaie – la livre sterling a déjà perdu 11 % de sa valeur en une nuit, instabilité, disent-ils qui ne sera pas nécessairement défavorable aux exportations néanmoins. Et pour le reste, une renégociation du statut avec l’Europe dans le même temps que le Commonwealth reprendra de sa force, donc moult échanges notamment avec l’Inde. Bon, je ne vous cache pas que d’autres économistes craignent daba un krash de la City qui serait dévastateur et la Banque d’Angleterre se dit déjà prête à injecter massivement des liquidités pour éviter la crise – pas moins de 250 milliards de livres sterling. Pas sûr que ça suffise, mais bon… Côté politique, le scrutin, très suivi, a également été marqué par une polarisation très nette, avec l’Ecosse votant massivement pour rester, la Grande-Bretagne et le Pays de Galle votant massivement pour partir. Dès lors, un second référendum d’indépendance écossaise devient presque inévitable et il est plus que probable que cette fois-ci, l’Ecosse partitionne. De là à craindre une instabilité pour un Royaume de moins en moins uni, il n’y a qu’un pas, que pas mal de politiques anglais pressentent. L’Irlande du Nord, qui a aussi voté pour rester dans l’UE, parle déjà de réunification avec l’autre Irlande européenne, partition possible, encore. Bref, à leur tour, c’est aux politiques anglais de supplier…

Côté européen, tout le monde craint l’effet domino. Et en effet, un peu partout, les eurosceptiques commencent à exiger de pouvoir voter, eux-aussi, une sortie d’une union qui ne fait plus rêver grand-monde. Certains responsables européens parlent même de crise de l’Occident dans son ensemble. Seul Jean-Claude Juncker se dit optimiste et pense que l’Europe va s’en remettre.

Mais j’ai appris une chose, en me trompant si lourdement : le refus de consentement est total et il n’y a pas de retour à la raison et au business as usual dans ces cas-là. La crise systémique économique, sociale et politique qui a fragilisé les institutions démocratiques européennes vient d’aboutir à une crise qui fait que demain ne ressemblera en rien à ce que les uns et les autres, eurosceptiques ou rêveurs fédéralistes avaient imaginé.


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