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Venezuela

Le Venezuela au bord du gouffre


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Et ce matin, on va parler d’un sujet brûlant mais un peu passé à la trappe ces derniers temps, le Venezuela. Parce que la crise continue très fort, là-bas. Mais entre tuerie ici et coupe d’Europe de Football là, Brexit et contestations sociales en France, menace Podemos et poursuite de Daesh, bah, l’Amérique Latine, comment dire ? Oui, c’est pas ce qui nous préoccupe en premier lieu, c’est logique.

Pourtant dans le son du silence médiatique, le Venezuela continue à vivre une situation d’exception aux conséquences terribles. On ne va pas revenir dessus, vous le savez : la chute des prix des matières premières et notamment du pétrole, ajoutée au bras de fer entre les fonds vautours américains, les industriels et les banques d’un côté et le président chaviste Maduro de l’autre a mené le pays au bord du gouffre. Inflation gallopante à plus de 700 %, pénuries délirantes, on estime que près de 80 % des produits de base sont désormais introuvables. Là-dessus, rajoutez des coupures de courant de plusieurs heures par jour, décidées par un gouvernement qui n’en peut plus d’essayer de faire des économies… Forcément, tout cela n’amène pas à la paix sociale, alors que les gens protestent dans la rue devant des supermarchés fermés et utilisent les réseaux sociaux pour échanger des denrées vitales et des produits de soins.

Alors évidemment, le président Maduro est dans la tourmente, avec une opposition de droite, solide du fait de sa victoire législative en décembre dernier, qui lui met sur le dos la responsabilité de l’ensemble de la crise. Et ça marche puisque ce pays traditionnellement de gauche depuis Chavez voit désormais près de 70 % de la population qui souhaite le départ de Maduro, selon les sondages. Et justement, le Conseil National Électoral (CNE) vient de valider une initiative de demande de référendum de révocation du président lancée par l’opposition mais rassemblant pas moins de 1,3 millions de signatures. Désormais, il faut valider les signatures de ceux qui ont demandé la destitution du président par vérification d’empreintes digitales, processus qui devrait avoir lieu entre le 20 et le 24 juin. De là, processus de vérification de la vérification, qui durera jusqu’à fin juillet… Bref, bon an, mal an, Maduro a annoncé que si référendum il devait y avoir, il n’aurait pas lieu avant 2017. Autant vous dire que cette volonté affichée du président de vouloir gagner du temps, grapiller quelques mois ici et là ne plaît pas vraiment. D’autant que la présidente du CNE Tibisay Lucena, notoirement chaviste, a prévenu vendredi dernier que le processus de destitution serait arrêté en cas de violences. Je cite : «Nous voulons être clairs: la moindre agression, trouble (de l’ordre) ou incitation à la violence entraînera la suspension immédiate du processus jusqu’au rétablissement de l’ordre.» Sauf qu’il y a des émeutes de la faim tous les jours… La coalition anti-chaviste, la Table de l’Unita, Mesa de la unitad ou MUD y voit « une provocation, alors que s’exacerbent les troubles motivés par la faim ». On les comprends plutôt.

Alors pourquoi temporiser ainsi ? C’est que, si le référendum tourne en la défaveur de Maduro, ce qui ne paraît pas improbable, au vu de la tournure des événements, la résultante sera différente en 2016 ou en 2017. Eh oui, en 2016, élections anticipées, mais à partir du 10 janvier 2017… on se rapproche trop de la fin du mandat et donc, c’est le vice-président, Aristobulo Isturiz qui prend le pouvoir, lequel reste donc entre des mains chavistes. Autant vous dire que cela ne satisfait pas du tout l’opposition. Voilà la situation aujourd’hui : comme vous le voyez, ce n’est pas brillant. Reste une seule question, alors que la révolution paraît pas forcément improbable – ou bien un coup d’état, comment en est-on arrivé là ? L’opposition a beau jeu de répéter partout que c’est là la preuve de l’échec évident d’un des derniers modèles communiste du monde. Il n’en reste pas moins que dans les détails, un certain nombre d’éléments pointent étrangement aussi du côté du libéralisme. Allez, je vais les jeter là, en vrac, histoire d’alimenter le débat : les fonds vautours, déjà, qui ont racheté des dettes vénézuéliennes, les ont gonflés d’autant et maintenant exigent leur remboursement dans des conditions dont on sait qu’elles vont ruiner l’économie. Les industriels, qui jouent le jeu des banques, spéculent sur le cours des monnaies plutôt que d’investir, ferment et refusent de produire. La chute du cours des matières premières, notamment le pétrole qui étonnament, sert fortement les intérêts américains au détriment de pays dangereux pour l’hégémonie US, comme la Russie, notamment, l’Arabie Saoudite et, entre autres, le Venezuela. Bref, rien n’est simple dans ces situations et avec le temps, on se rend compte que bien des manipulations ont eu lieu dans cette amérique latine qui s’enrhume si vite quand les États-Unis éternuent. Les analystes ont parfois de la mémoire, d’autres coups, d’autres pénuries, d’autres manipulations. Il n’en reste pas moins que ventre affamé n’ont pas d’oreille et aujourd’hui, la population, affamée, ruinée, dévastée, est dans la rue.


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