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Spécial Face à Face Daoudi/Mounib


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L’enseignement public marocain est un échec. L’école publique marocaine par ailleurs, est en train de disparaître et personne n’y fait grand-chose, comme si la volonté était effectivement, et intentionnellement, de faire disparaître la victime de décennies de délit d’incompétence, tout en prenant bien le soin de détruire, derrière, toutes les preuves du crime.

Des écoles rasées, d’autres fermées, des enseignants libérés par une invention appelée retraite anticipée, en même temps qu’une autre invention appelée recrutement est ignorée. Les élèves, eux, sont entassés à 70 dans d’autres écoles qui, elles, ont la chance de survivre au processus de destruction ; mais pour combien de temps encore ?

Voilà ce qu’est devenue l’école publique marocaine dans un pays du tiers monde, certes en voie de développement, mais un pays où l’analphabétisme devient une tare, un pays où la pauvreté fait des ravages et où le chômage ne cesse d’augmenter, mais est-ce une surprise?

Un pays où les plus pauvres n’ont pas le droit à une éducation scolaire digne, et où les plus riches, fuient l’école publique comme ils fuiraient la peste, et se trouvent obligés de mettre leurs enfants dans une école privée alors même qu’ils paient des impôts pour un service public dont ils ne bénéficient jamais.

Si Victor Hugo voulait que pour chaque porte d’école ouverte, une porte de prison soit fermée, combien alors de portes de prison a-t-on ouvert en fermant des centaines d’écoles ? De quelle gouvernance parle-t-on ? De quelle justice sociale parle-t-on ? Qu’ont fait les ministres qui se sont succédés à la tâche et que fait le Conseil Supérieur de l’Education?

À quel moment, l’irréparable a-t-il été commis contre le système éducatif national ? Et pourquoi, a-t-on l’impression que, en matière d’enseignement, toutes les questions sont posées, sauf celles qui doivent l’être?

Pourquoi la question du financement de l’école publique est-elle régulièrement posée alors même que le budget de l’éducation est l’un des plus importants dans le budget de l’Etat et que, en même temps, il ne cesse d’augmenter ? La question n’est clairement pas de savoir combien nous investissons dans l’éducation, mais de quelle manière nous investissons dans l’éducation.

Pourquoi la question de la gratuité de l’enseignement est-elle  encore posée alors même qu’une école publique gratuite de qualité est un droit fondamental?

Le principe de gratuité, sous d’autres cieux, est un principe absolu qui exige que l’enseignement dans les établissements scolaires publics ne soit pas à la charge des parents d’élèves. Le principe de gratuité concerne toute la durée de la scolarité, depuis l’entrée en maternelle jusqu’aux classes de lycée post-baccalauréat. La gratuité de l’enseignement est  censée faire que tous soient égaux devant le savoir.

Dans ce sens, la question n’est clairement pas uniquement de savoir si la gratuité est maintenue pour l’enseignement public et jusqu’à quel niveau scolaire la gratuité est-elle maintenue. La question est surtout de savoir de qui nous parlons quand nous parlons de la gratuité de l’école.

Nous parlons de ces familles, pauvres, démunies, mais qui gardent espoir. Car, au Maroc, ne va plus à l’école publique que celui qui n’a pas les moyens de l’école privée. Car, oui au Maroc, l’école publique n’a plus que l’avantage de la gratuité.

La question est de savoir aussi, si la gratuité de l’école est un devoir de l’Etat ou une obligation de solidarité nationale des plus riches envers les plus pauvres ? En totalité ou en partie ? Et puis l’Etat a-t-il le droit de se désengager du financement de l’enseignement public à quelque niveau scolaire que ce soit ?

Et, au fond, la question est de savoir ce que nous voulons faire de ce pays et de ses jeunes.

Autant de questions et certainement bien d’autres dont nous débattons cet après- midi dans Avec Ou Sans Parure.


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