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Qu’est-ce que la morale?


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Les invités : Murtada Calamy, écrivain, Kamal Hachkar, scénariste et réalisateur, Khalid Bennani, professeur universitaire et M’hamed Grine, Acteur politique et militant des droits humains.

Donner des leçons de morale pourrait être immoral, alors comment définir la morale sans être moralisateur ? En même temps, s’aventurer à définir la morale c’est admettre qu’il y’a une seule morale, la seule pour tous. Est-ce le cas? La question est posée.

La plus neutre des définitions de la morale, et sans doute aussi l’une des plus basiques, est celle que l’on trouve dans le Larousse. La morale y est définie comme étant l’ensemble des règles de conduite, considérées comme bonnes de façon absolue ou découlant d’une certaine conception de la vie. En voilà une définition qui, en soi, est un dilemme tellement elle est contradictoire. Car cette définition fait de la morale une notion à caractère absolu en même temps qu’elle la lie à la conception qu’a chacun d’entre nous de la vie. La morale est alors absolue en même temps qu’elle est relative.

Et si la contradiction n’était pas dans la définition mais en nous ? C’est ce qui ferait aussi de la morale cette notion difficilement définissable tant les notions du bien et du mal sont relatives et diffèrent d’une personne à l’autre et même chez une même personne selon la situation dans laquelle elle se trouve et les contraintes auxquelles elle fait face. La notion de l’interdit, par exemple, est intimement liée à la morale dans le sens où une personne dite « morale » est une personne qui s’interdit de faire du mal. Alors que dire de toute une génération qui a de longues années durant considéré que la morale est l’interdiction d’interdire ? Dans ce sens, dans les « Médisances de Claude Perrin » en 1945 Pierre Baillargeon dit qu’il n’ya pas de morale sans liberté.

Il n’est pas étrange que de nombreux philosophes, écrivains et penseurs de tous temps se soient intéressés à la morale, ce qu’elle est et ce qu’elle implique. Jean Paul Sartre affirme que l’homme se fait ; il se fait en choisissant sa morale, et la pression des circonstances est telle qu’il ne peut pas ne pas en choisir une. Dans « la fille aux yeux d’or », Honoré de Balzac décrit, quant à lui, la morale comme étant sans force contre les vices qui détruisent la société et que rien ne peut punir ». Blaise Pascal pense que la vraie morale se moque de la morale et le dramaturge français henry Becque se demandait si la morale n’était pas la forme la plus cruelle de la méchanceté.

Friedrich Nietzsche affirme, pour sa part, que ce qu’il y a d’essentiel dans toute la morale, c’est qu’elle est une contrainte prolongée. Et plus de notre temps, le philosophe français André Comte-Sponville estime que la morale commence là où aucune punition n’est possible, là où aucune répression n’est efficace, là où aucune condamnation, en tous cas extérieure, n’est  nécessaire. Alors que le philosophe allemand Max Stiner pensait qu’il nous faut une éducation personnelle et non pas une attitude morale inculquée. Une pensée qui renvoie à une question tout aussi importante que la définition de la morale et qui est de savoir si la morale est l’affaire de l’école, de la famille ou bien est-ce l’affaire de chacun ? En France, par exemple, c’est tranché. Depuis la rentrée 2015, un enseignement moral et civique figure dans le programme scolaire et a pour but de favoriser le développement d’une aptitude à vivre ensemble. Il s’agit, comme l’a expliqué la ministre française de l’Education nationale Najat Vallaud- Belkacem, de transmettre à l’élève une «culture de la règle et du droit dans une société démocratique», une «culture du jugement», et une «culture de l’engagement». Qu’en est-il au Maroc ? Qu’en pensent nos invités ? C’est notre débat cet après-midi dans Avec Ou Sans Parure.


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