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Maroc

Protectorat français ou les limites d’une « fiction juridique » : cas du Maroc


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Les invités 

• Mohammed Kenbib, historien

• Ali Bouabid, délégué général de la Fondation Abderrahim Bouabid

• Majid Dkhissy, sociologue

• Murtada Calamy, chroniqueur aux Matins Luxe

Édito 

La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes.

Ces propos prononcés la semaine dernière ont suscité l’indignation, la colère et provoqué une forte polémique en France. La déclaration a été qualifiée de « honteuse », et pour cause. Ces propos ont été tenus par un candidat à la présidence de la République.

Il est vrai qu’indépendamment de cette actualité qui remet la question de la colonisation au cœur des débats, le fait historique a depuis toujours été analysé, expliqué, certaines fois justifié et d’autres fois, critiqué. La conception de la colonisation n’a jamais fait l’unanimité. Car si certains n’arrivent toujours pas à se réconcilier avec les passés colonialistes de leurs nations, d’autres l’assument parfaitement et y trouvent des justifications sociales, politiques et économiques. Conquérir des terres nouvelles pour y installer un excédent de population. Conquérir des terres nouvelles pour rétablir une juste répartition des réservoirs de richesses naturelles concentrées pour la plupart dans les Afriques ou, simplement, conquérir des terres nouvelles pour asseoir la suprématie d’une population sur une autre. Les justifications de la colonisation ne sont pas peu nombreuses, et elles sont pour beaucoup assez décomplexées.

La France, une des premières nations colonisatrices, a réussi à étendre son empire colonial dans les quatre coins du monde, incluant le Maroc dès le début du 20ème siècle, avec  notamment l’instauration d’un protectorat. La France a incarné un pouvoir exécutif ne laissant, à l’époque, qu’une autorité symbolique au sultan et au makhzen. Une époque où le Maroc est économiquement en pleine expansion notamment à Casablanca. Des routes, des voies ferrées, des usines et des barrages sont construits et des villes nouvelles voient le jour. Socialement, c’est aussi une époque où les fossés se creusent et les inégalités s’installent. Une cinquantaine d’années de colonisation qui ont modelé le Maroc d’après l’indépendance, le Maroc contemporain, le Maroc d’aujourd’hui et fort probablement celui de demain.

Mais que serait devenu le Maroc sans son passé de pays colonisé par différentes puissances étrangères, française, portugaise ou encore espagnole ? Un pays plus prospère socialement et économiquement ? Ou, au contraire, les années de colonisation ont-elles fait du bien à un pays qui aurait eu du mal à se construire tout seul ? Nous en débattrons avec nos invités.

Car un pays ne sort jamais tout à fait indemne de longues années de colonisation qu’elle qu’en soit la forme. Si les infrastructures héritées du temps de la colonisation sont souvent le premier argument justifiant une perception positive d’un passé que beaucoup jugent douloureux, il n’en est certainement pas de même pour l’ensemble de l’héritage. Le cas du Maroc est peut-être particulier, nous en discuterons avec nos invités. Car l’impression, peut-être générale, est que le Maroc ne garde pas un souvenir très amer du passage de ses colonisateurs, particulièrement français. Un personnage comme le maréchal Lyautey est même perçu comme une icône assez largement respectée après l’indépendance. Même s’il lui est reproché d’être le premier architecte, au Maroc, d’un ordre social inégalitaire.

Qu’y a-t-il à garder de l’héritage colonial et qu’il y a-t-il à rejeter ? Dans quelle mesure le Maroc aurait-il été différent politiquement, économiquement, socialement et culturellement, si son histoire l’avait été ? C’est le débat que nous ouvrons avec nos invités cet après-midi dans Avec Ou Sans Parure.


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