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Peut-on développer un projet de société qui rassemble dans un paysage morcelé?


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Les invités : Mekki Zouaoui, Professeur universitaire et coordinateur du Collectif 1% Culture, Philippe Beaujean, Consultant formateur et coach, Jean Zaganiaris, Enseignant chercheur en sociologie et Dr Hachem Tyal, psychiatre psychanalyste

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon, nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. Cette célèbre citation de Martin Luther King, symbole de la lutte non violente contre la ségrégation, est de ces pensées qui présentent le vivre ensemble comme la clef de voûte du développement de la paix sociale. Le vivre ensemble est, en effet, présenté comme le moyen pour les membres d’une société d’être dans l’action, d’avoir un projet social commun et d’aspirer à le réaliser. Il évite, en quelque sorte, à ces mêmes membres de cette même société, de mener une vie faite du rejet de l’autre et de l’appréhension violente vis-à-vis de la différence.

Le vivre ensemble est depuis bien des années porté par les sociologues comme un idéal possible, plus qu’un vœu pieu, un ciment nécessaire et essentiel pour la construction solide de toute société.

Mais le vivre ensemble est aussi depuis quelque temps une composante majeure du discours politique. C’est donc sans surprise que, par ces temps de campagne électorale, le sujet se retrouve au centre de beaucoup de débats, chacun revendiquant avoir la clef pour ressusciter un concept en déperdition bien qu’étant essentiel à la bonne marche de la société et à son développement.

Le vivre ensemble est souvent présenté comme un modèle social se construisant sur des bases de tolérance et de respect, à l’opposé d’un communautarisme social résultat d’une société souffrant de turbulences identitaires et favorisant une idée de l’individualisme qui, au lieu de dépasser les identités, les oppose. Dépasser les identités, non pas pour renier les différences qui sont une richesse, mais pour respecter la différence, premier grand pas vers la complémentarité entre les différentes composantes de la société.

D’ailleurs, l’une des grandes questions posées dans les débats sur le vivre ensemble est de savoir s‘il faut se ressembler pour pouvoir vivre ensemble. Nous aurons le point de vue de nos invités.

Mais si le vivre ensemble a cette connotation idyllique à laquelle nous sommes nombreux à vouloir s’accrocher, sa mise en place s’avère ne pas être chose aisée. Car la construction du vivre-ensemble se fait sur la longue durée. C’est une évolution des mentalités qui demande, non seulement du temps, mais aussi des idées. La réflexion autour du vivre ensemble devrait, justement, dépasser le stade de la réflexion. Le vivre ensemble est bien plus qu’une réflexion, le vivre ensemble est une action.

Le vivre ensemble se travaille et l’éducation est un axe majeur de ce travail. Le rôle de l’école est fondamental. Apprendre aux élèves, quels que soient leurs identités, leur religion ou leur niveau social, qu’ils sont des individus voués à gérer ensemble, plus tard, la chose publique.

La construction du vivre ensemble passe, notamment, par la construction d’une école qui, au lieu de favoriser le cloisonnement, œuvre à présenter la société comme un bien commun. Dans ce sens, l’école serait, ou redeviendrait, non plus un lieu d’instruction, mais un lieu d’éducation à la responsabilité collective, à la solidarité, à l’interdépendance mutuelle et à la connaissance de soi et de l’autre. Car il est aussi un grand obstacle au vivre ensemble, la méconnaissance de l’autre et la méconnaissance de soi. Savons-nous qui nous  sommes ? Savons-nous avec qui nous vivons ? Savons-nous de qui et de quoi nous avons besoin ?

Par ailleurs, vivre ensemble et cohabitation, veulent-ils dire la même chose ? En d’autres termes, la mixité sociale est-elle la solution ? Nos enfants, s’ils fréquentaient tous les mêmes écoles sans qu’il n’y ait de considération pour leur provenance sociale, grandiraient-ils forcément en étant des individus moins individualistes ?

Enfin, la ségrégation socio-spatiale est-elle un frein au vivre-ensemble ? Si oui, et à voir l’architecture de nos villes, doit-on à jamais abandonner le rêve du vivre ensemble ? Peut-on penser des villes où les quartiers ne soient pas fermés ni différenciés en termes de revenus ? Peut-on reconstruire nos villes en y supprimant les territoires de relégation ?

Nous ouvrons le débat avec nos invités, sur ces pistes de construction du vivre ensemble et bien d’autres, tout de suite dans Avec Ou Sans Parure.


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