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Dans le melting pot de New York


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À New York, un juge fédéral, Charles S. Haight, vient de rejeter un arrangement que proposait la police municipale aux représentants de la communauté musulmane de la métropole. Celle-ci poursuit la Ville pour l’avoir indûment et invasivement espionnée.

L’agence Associated Press avait publié, en 2011, des documents de l’Intelligence Division (la « Division renseignements ») qui surveillait mosquées et fidèles. Dans ces rapports figuraient notamment des listes « d’ancêtres d’intérêt » ainsi que de « lieux d’activités politiques », ce qui, pour le moins, pose quelques problèmes de droits constitutionnels. Pour éviter un procès public, la mairie a, comme c’est possible aux USA, proposé un arrangement.

Mais le juge Haight reproche à cette police de New York d’avoir trop souvent ignoré ou désobéi à la Cour. Il estime qu’intégrer un avocat civil à l’équipe de surveillance, comme le propose le maire Bill de Blasio, n’est pas suffisant. Surtout, le magistrat reconnaît que les musulmans de la Big Apple ont été abusivement espionnés et fait un parallèle historique avec le Maccarthysme et ce qu’ont eu à subir tour à tour les Américains d’origine italienne et les Afro-Américains. Sur ce dernier point, les amateurs de polars peuvent se plonger dans la très documentée trilogie romanesque de James Ellroy, Underworld America, qui rappelle la violence terrible des années 60 et brosse un portrait peu amène de J. Edgar Hoover…

C’est pourtant précisément ce juge Charles Haight qui, au lendemain des attentats du 11 septembre, a suspendu une décision de justice datant de 1971 qui encadrait et limitait ces pratiques. Or, cette décision de 71 avait été rendue par… lui-même ! La vie de magistrat semble pleine de rebondissements.

Cela n’a pas empêché certains de réaliser leur « rêve américain ». Dans les années 1990, M. Hamdi Ulukaya, Turc d’ascendances kurdes, s’est installé à New York. En 2007, grâce à un prêt de l’État fédéral, il a acheté une usine et fondé la marque Chobani, devenue leader du yaourt grec aux USA. Il possède désormais un second site de production dans l’Idaho et brasse un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de dollars.

M. Ulukaya a voulu faire quelque chose pour les réfugiés arrivés sur le sol américain, et en a embauché venus d’Irak, d’Afghanistan ou de Turquie, leur fournissant transport et interprètes. Il les paye au-dessus du salaire minimum légal, comme ses autres ouvriers. En janvier, invité au forum de Davos, il a réussi à sensibiliser des entreprises comme Cisco ou IBM, qui se sont rapprochées de sa fondation. Cette petite célébrité au cœur du capitalisme mondial lui vaut désormais une vague d’attaques xénophobes et calomnieuses, menée par le site Breitbart, d’où vient l’actuel directeur de campagne de Donald Trump. Ils accusent le « tycoon du yaourt de vouloir étouffer les USA sous les musulmans » (sic). Il s’agirait d’un énorme complot ourdi en sous-main par Obama et les Clinton, cela va sans dire.

Pourtant, M. Ulukaya a une phrase dont beaucoup de monde, sur la planète entière, pourrait faire son miel : « La minute où un réfugié a un travail, c’est la minute où il cesse d’être un réfugié ».

En 2011, Hanni El Khatib, le plus américain des rockeurs Philippino-Palestiniens, sortait son premier album, très « retour aux basiques », et était ovationné par la critique. Entre autres pour le morceau Dead Wrong.

 

https://youtu.be/ghSxLKJxDy0


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