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L’homme serait-il devenu le sexe faible?


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Les invités : Leila Bouasria, sociologue et professeur universitaire à la faculté des Lettres et Sciences Humaines de Casablanca, Hanane El Majidi, chercheure en sociologie du genre, Imane Hadouche, consultante spécialisée en développement territorial et Nabil Boutaleb, sémioticien

Le sexe faible. Une expression qui existe bel et bien et qui, malgré qu’elle comporte une connotation sexiste et discriminatoire, elle n’en reste pas moins communément adoptée et reconnue pour être le synonyme du mot : femme. Et ce, bien entendu, par opposition à l’expression « sexe fort », autre synonyme du mot : homme.

À l’origine, cette expression fait référence au pêché originel commis par Eve au jardin d’Eden et, à cause duquel, elle et Adam furent chassés du paradis. La femme est, depuis, considérée comme la pécheresse qui céda à la tentation. Ô faiblesse !

Mais les temps ont changé et le sexe faible ne cesse de donner la preuve d’être plus fort que l’on ait cru, dans le temps, et que certains, beaucoup même, continuent de se plaire à croire.

Le sexe fort, soit l’homme, semble de son coté perdre progressivement de ses repères piochés dans une tradition le voulant forcément fort, de naissance et à toute épreuve. Ainsi, tout autant que le mythe de la femme naturellement faible et dominée, le mâle dominant tient, de plus en plus, beaucoup plus du mythe que de la réalité.

Mais la force de l’un signifie-t-elle pour autant la faiblesse de l’autre ? Les deux sexes, hommes et femmes, ne peuvent-ils exister que par opposition sur une échelle de force et/ou de faiblesse ? Que la femme se renforce implique-t-il forcément que l’homme s’affaiblisse ? Ainsi, si la femme a prouvé qu’elle était un sexe fort, l’homme serait-il, par ricochet, devenu le sexe faible, comme s’il devait forcément y en avoir un ?

L’hypothèse de l’homme qui deviendrait le sexe faible, si elle accepte le débat pour certains, elle est tout bonnement inadmissible et carrément impensable pour d’autres. Cela reviendrait à une dévirilisation de l’homme et, à travers lui, de toute la société. Pour ceux-là donc, il faut, et très vite, sauver ce qu’il reste de l’homme, le mâle. L’heure serait grave.

De notre coté, nous nous permettrons tout de même avec nos invités, de prendre le temps de débattre de la question avant de crier à la catastrophe. Mais il ne doit pas échapper au débat, par ailleurs, autrement celui-ci serait biaisé, que la force et la faiblesse sont deux notions subjectives en même temps qu’elles sont relatives.

Le débat, sous des airs philosophiques, cache en effet les dessous d’une société tentant d’achever, non sans douleur, ce qu’elle a entamé il y a plusieurs dizaines d’années, soit une mutation profonde. Nous sommes, entrain d’essayer de forcer un décloisonnement des genres. L’idée, pourtant simple, que mis à part dans le cadre du caractère purement biologique de la reproduction de l’espèce humaine, il n’existe pas, dans la société, de répartition naturelle des rôles entre les hommes et les femmes.


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