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L’Europe élargie : du rêve à la bêtise


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Les invités : Driss Jaydane, chroniqueur Luxe Radio chargé des questions philosophiques, Ali Kairouani, Professeur universitaire – juriste internationaliste, Jean Zaganiaris, enseignant chercheur en sociologie et Olivier Deau, Professeur à l’EGE Rabat et membre de la fédération des Français de l’Etranger du Parti Socialiste

L’Union Européenne est en crise, et la crise n’est pas que politique ou économique, elle est bien plus profonde que cela. La crise de l’Union Européenne est idéologique. L’Europe Unie qui fût un rêve évolue tant bien que mal dans un contexte marqué par la méfiance, le doute et l’incompréhension. Car pour beaucoup, le rêve européen est bel est bien brisé.

L’Union Européenne est le ciel de tous les paradoxes. Elle est mal aimée par les Européens mais très courtisée, voire même adulée par ceux qui y sont étrangers. Entre les pays toujours nombreux à vouloir intégrer le cercle des 28, et les États-Unis qui plaident pour une Europe forte et unie, on en viendrait même à remettre en question le bien-fondé de l’hostilité des Européens envers leur Europe.

Ils étaient 6 membres, puis 9, puis 12, puis 15, puis 27 et enfin 28 depuis l’adhésion de la Croatie. À la création de l’Union Européenne les choses allaient bien, et ont évolué assez vite, trop vite, justement, pour ceux qui sont, de plus en plus nombreux, à appeler leurs pays à sortir de l’UE.

Les pays membres sont pointés pour ne pas avoir assez recouru à la consultation populaire, et quand ce fut le cas, le choix des peuples n’a pas toujours été pris en compte. Voilà pourquoi, entre autres raisons, l’Europe est rejetée dans l’esprit de ses détracteurs souhaitant que Bruxelles se mêle moins des affaires intérieures des pays membres.

Mais en réalité, ce que les détracteurs de l’Union Européenne rejettent, ce n’est pas l’idée de l’Europe en soi, mais ce qu’ils appellent, l’administration européenne jugée technocratique, intrusive.

Ce serait donc, au fond, non pas la déconstruction de l’Europe qui est demandée, mais son fonctionnement à travers ses différentes instances dont la légitimité est souvent mise en cause.

Pour la légitimité, prenons un exemple. Quand les Chefs d’Etats élus des 28 pays membres siégeant dans le Conseil Européen, élisent le Président du Conseil, ce dernier est-il pour autant légitime à prendre des décisions pour le demi-milliard de citoyens constituant l’UE ? Nous aurons le point de vue de nos invités. Dans la même logique, les européens se reconnaissent-ils dans le gouvernement européen au même titre que leurs gouvernements nationaux, et puis, quels comptes sont-ils en mesure de demander à leurs élus les représentant au sein du parlement européen? La faible mobilisation populaire lors des élections européennes est, peut-être, un début de réponse ; nous y reviendrons.

Par ailleurs et concernant l’interventionnisme supposé de Strasbourg dans les affaires intérieures des pays membres, il serait sans doute difficile de s’inscrire dans la contradiction. Car, exception faite des dossiers primordiaux à caractère  diplomatique, de défense et de sécurité qui restent du ressort exclusif des gouvernements nationaux, Strasbourg décide de tout. Tout le quotidien des européens est décidé et voté à Strasbourg. Plus que cela, les directives européennes sont souvent reprises par les parlements nationaux. Une loi sur deux sera une transposition fidèle d’une directive européenne.

Qu’est-ce qui explique, à défaut de le justifier, l’euroscepticisme, voire l’europhobie ? Est-ce réellement l’idée même d’une Europe Unie qui est rejetée ou, comme le défendent certains, le mécanisme de fonctionnement de l’UE? Les prérogatives des instances européennes sont-elles, à juste titre, jugées intrusives, voire abusives ? Quelle Union Européenne veulent les Européens ? C’est le débat que nous ouvrons avec nos invités cet après-midi dans Avec Ou Sans Parure.


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