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Les Migrants au sommet


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Le sommet des Nations Unies pour les réfugiés et les migrants s’est ouvert ce lundi, à New York. M. Ban Ki-moon dit en attendre beaucoup.

Les ONG notent déjà que les « engagements politiques sont bien en deçà de ce qu’il faudrait pour traiter le problème » et qu’« on ne sent pas de volonté politique forte ». Elles déplorent notamment, à propos des premières déclarations, des lacunes sur la protection des mineurs non accompagnés, qui sont « extraordinairement vulnérables». De fait, l’objectif principal des États membres est d’ouvrir des négociations en vue d’un éventuel pacte mondial sur les réfugiés qui serait proclamé en… 2018. Dans deux ans.

De son côté, le secrétariat général fait valoir que les pays s’engagent tout de même à réinstaller 5 % du total des réfugiés. 5 %, oui. Cela équivaudrait à réinstaller 1,1 million de réfugiés en 2017, contre 100.000 en 2015.

Ban Ki-moon estime le nombre de migrants dans le monde à 244 millions.

Son discours d’ouverture a le mérite de dénoncer, les « démagogues de tous bords » qui « opposent le “nous” aux “eux” », mais nous sommes encore loin du courage des deux exceptions parmi les chefs d’États européens : Angela Merkel et le pape François. Ils restent les deux seuls politiques de leur continent à avoir pris  leurs opinions rebrousse-poil. Mais si le souverain pontife ne dépend d’aucun suffrage universel, Mme Merkel doit déjà commencer à reculer devant son électorat, qui paraît préférer renouer avec de vieux démons pour l’occasion.

Songeons aussi qu’en 2011, nos amis parisiens cédaient à une panique effarée en découvrant la présence de 200 Tunisiens réfugiés en France. Au même moment, la Tunisie — en pleine tourmente révolutionnaire, faut-il le rappeler ? – accueillait, elle, rien moins que 200 000 personnes fuyant la Libye, chassées par les opérations militaires… françaises, qui sonnaient l’hallali de Kaddafi.

Ce non-sens perdure. L’ONU le rappelle: 86 % des réfugiés s’abritent dans des pays en développement (comme le Liban, la Jordanie, la Turquie, l’Iran, le Kenya, l’Éthiopie, le Pakistan ou l’Ouganda…), alors que les pays les plus riches n’en accueillent que 14 %.

Si l’urbanisation et la sédentarisation massives des XIX et XXe siècles ont été le triomphe de Caïn, voici aujourd’hui l’œil d’Abel, le pasteur, qui le regarde depuis le fond des eaux troublées de la Méditerranée.

En 1995, Nitin Sawhney publiait Migration.


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