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L’éducation en suite géométrique


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Hier, nous parlions de la Suède qui veut supprimer les distinctions de genre à l’école. Et aussi de l’Istiqlal qui se bagarrait. Vous voyez le rapport ? Oui, l’éducation, tout simplement, puisque c’est à l’Istiqlal que nous devons l’arabisation. Cela aurait pu bien se passer, cette affaire, si les gens qui en avaient décidé à l’époque n’avaient pas, dans le même temps, mis leurs propres enfants à la mission. Ah, et aussi, si les études supérieures avaient été, elles aussi, arabisées.

La semaine dernière circulait une image supposément tirée d’un manuel d’enseignement de français où un pédiatre, en tout cas, on pouvait le souhaiter, examinait un enfant, tout en lui déclarant être vétérinaire et donner de son temps à des associations. Je ne sais pas si elle est véridique. La semaine d’avant, c’était le scandale Nathan et ses migrants débarquant en suite géométrique.

L’an dernier, c’était les manuels de philo qui nous interrogeaient sur notre manière de concevoir le monde et puis, bien sûr, il y a chaque année, une région ou une autre du Maroc où le sujet du bac d’enseignement religieux a de quoi faire frémir. Vous remarquerez que, dans tous ces exemples, je mélange allégrement le Maroc et l’étranger. Bon, d’accord, plus le Maroc, puisque ça nous concerne plus, mais vous comprenez l’idée…

Oui, l’éducation est nécessairement idéologique. Il n’y a pas d’éducation neutre, qui développerait l’enfant sans l’influencer. En gros, pour former, on déforme et on formate. D’ailleurs, ça se voit tout de suite : un universitaire, ça se voit à la manière qu’il a de dérouler son raisonnement, pas pressé, il a tout le temps du monde. Mais il est logique, donne des arguments. Un mec d’une grande école, souvent, il est brillant, très efficace dans sa réflexion. Mais on reconnaît un énarque ou un normalien presque à la première phrase : ils sont formatés et il leur est très difficile d’échapper au mode de pensée qu’on leur a enseigné, si tant est qu’ils en ressentent le besoin et c’est rare, tant ils ont de raisons d’en être contents.

Même cette idée de laisser les enfants jouer, de les faire s’épanouir presque naturellement, à la Montessori &Co, c’est nouveau ET idéologique. Il n’y a pas, pour les parents que nous sommes, le seul choix que nous ayons est celui du formatage que nous infligeons à nos enfants et comment le contrebalancer au mieux, quand on le peut, quand on est attentifs.

Bien sûr, si j’étais Bisounours, je dirais bien aussi qu’il convient d’être extrêmement attentifs aux modifications de programme, de rythmes, etc. que notre nouveau ministre de l’éducation va mettre en œuvre dans sa réforme, qu’on nous promet décisive depuis des décennies et que Soeur Anne ne voit toujours pas venir. Cependant, j’ai bien peur qu’on en connaisse déjà la recette : économie, défaitisme quant à la possibilité de former les élites dans le public, acclamation par KO du privé-partenaire et pour le reste, une dose de technocratie déshumanisante sans vraiment s’en rendre compte.

Car dans toutes les affaires que j’ai citées, la plus glaçante n’était même pas l’histoire de Nathan et de ses migrants mais leur réponse : on nous a demandé de la pluridisciplinarité dans nos exemples et qu’ils soient appliqués à la vie réelle, alors voilà, on comprend que ça choque mais on ne voit pas vraiment le mal. Et c’est d’autant plus terrible que c’est vrai : on ne plaisante pas avec les idéologies en Europe et il y a des normes sur l’inclusion de la diversité et tout un tas d’autres trucs qui sont censés éviter ce genre de dérapage.

Sauf que, quand on ne voit plus l’humain mais des chiffres, on ne voit plus le mal. C’est le problème du formatage de l’école française, entre autres : technocratie et normalisation, histoire que tout le monde rentre dans les petites cases du tableau Excel.

Comment faire pour assurer l’avenir de nos enfants, alors que l’on ne sait pas vraiment ce qui sera nécessaire pour affronter un monde dont on n’a aucune idée réelle de ce qu’il sera dans ne serait-ce que 20 ans ? Ce matin, je n’ai pas de réponses, mais ce n’est pas plus mal : peut-être faut-il juste apprendre à se poser des questions et puis à continuer, pour eux, comme pour nous. Peut-être bien que c’est là le sens de l’humanité et de l’adaptation.


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