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Éjections législatives

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Éjections législatives

Avant le 7 octobre, le Maroc se préparait aux élections législatives, qui devaient être des élections normales. Le jour dit, le scrutin s’est tenu, avec les résultats qu’on sait. Et dès après, les élections se sont transformées en éjections. Plusieurs partis ont en effet connu dans leurs directions soit des départs actés et consommés, soit des départs cachés mais non moins constatés, soit enfin des départs annoncés.

Premier du genre à passer à la trappe, Salaheddine Mezouar… Sitôt connus les résultats, affligeants sans être calamiteux, du RNI, le président du parti et ministre des Affaires Étrangères a présenté sa démission de ses fonctions partisanes. Il faut bien que quelqu’un assume. Mezouar a assumé, avant d’aller essaimer de par le vaste monde. Il a été remplacé par Aziz Akhannouch, l’homme du Plan Maroc Vert devenu subitement le chef du parti des Bleus. Il a très certainement dû se passer quelque chose pour en arriver là, à part le score électoral, mais rien d’officiel, et le départ de Mezouar n’est pas si essentiel…

Pour le PJD, les choses en vont différemment. Le Secrétaire Général sortant, qui est aussi le chef du gouvernement sortant, doit s’en aller, au terme de deux mandats passés à la tête du parti. Abdelillah Benkirane avait été reconduit en mai, à l’issue d’un Congrès extraordinaire, pour une période d’un an maximum, et foi d’islamiste modéré, il ne fera pas de 3ème mandat. Benkirane est donc partant, mais si, en octobre, à sa désignation par le roi comme chef du gouvernement, il pouvait partir sur une victoire, que dis-je, un triomphe électoral, trois mois après, il a de fortes chances de quitter un parti divisé. Pourquoi ? Parce que le Secrétaire Général aura tenu contre vents et marées à inclure l’Istiqlal au sein de sa majorité, avant de faire machine arrière toute, cédant sur toute la ligne aux exigences du président du RNI Aziz Akhannouch, qui aura finalement eu gain de cause. L’Istiqlal ne fera pas partie du prochain gouvernement… Si Benkirane avait lu, ou relu, Lafontaine, il n’aurait pas joué au chêne, mais au roseau, même si la vie de ce dernier n’est pas toujours rose.

Et puis, l’éjection la plus spectaculaire, dramatique et tragicomique à la fois, sera celle de Hamid Chabat. L’homme parle trop et insulte encore plus ; il invective, s’active, multiplie les directives et ne défait jamais de ses attitudes agressives. Mais à trop parler on finit, un jour ou l’autre, par déraper. Et c’est ce qui lui est arrivé lors de sa malencontreuse et calamiteuse sortie sur la Mauritanie. Ce pays a certes, dans un lointain passé, appartenu au Maroc, mais ce n’était pas une raison de le rappeler maintenant, alors même que le Maroc se présente à la porte de l’Union Africaine et que les relations ne sont pas au beau fixe avec notre voisin du sud.

Dans la balance qui sert de symbole au parti de l’Istiqlal, Chabat ne pèse pas lourd. D’un côté, il y a lui, ses vassaux et ses commensaux et, de l’autre, Mhamed Boucetta, Mhamed Khalifa, Abbas el Fassi, Taoufiq Hjira, Karim Ghellab et quelques autres qui, pour ne pas être nombreux, pèsent bien plus et sont autrement plus consistants. Ces gens ont décrété, en toute simplicité, que « M. Chabat a clairement établi qu’il est aussi inapte qu’incompétent à continuer d’assumer les fonctions de Secrétaire Général du parti de l’Istiqlal ». Ledit Chabat a pleuré à chaudes larmes, discouru avec force trémolos,  renoncé la mort dans l’âme à nombre de ses prérogatives… rien n’y a fait. Poussé vers la sortie, son avenir se conjugue désormais à l’imparfait. Juste une question de temps.

La FGD, quant à elle, aura au moins servi à quelque chose. Montrer le plus clairement du monde que le populisme tendance années 70 a quarante ans de retard sur le calendrier. Une campagne électorale ne se fait pas sur les réseaux sociaux qui, contrairement à ce que leur nom pourrait suggérer, ne sont pas nécessairement représentatifs de la société. Nabila Mounib devra bien revenir à ses chères études, elle qui est enseignante…

Mais il y a aussi le PAM, ce parti voulant arriver premier aux élections, qui a tout fait pour, qui a beaucoup investi et dont le chef Ilyas El Omari s’est encore plus investi, pour finalement conquérir une seconde place, synonyme de défaite à plate couture, et en rase campagne, dans la morne plaine de notre waloo, version locale de Waterloo. Dans sa triste histoire, ce n’est pas le chef du parti qui risque de disparaître, mais le parti lui-même. Porteur d’un pôle moderniste, il est en train de se faire remplacer par le RNI dans cette mission. Le PAM était l’ami de tout le monde, hors PJD, et voilà qu’il est évité par ce même monde, suite à une vaste manœuvre de rotation dont nos politiques ont le secret.

Et ainsi donc, suite à une campagne d’une rare violence, les dégâts collatéraux commencent à apparaître. Ou, variante, les répliques du séisme électoral emportent plusieurs existences politiques. Chabat, Mezouar, le PAM et Mounib appartiendront bientôt à l’histoire, eux qui se voyaient un grand avenir pour les années à venir.


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