Invités : Mohcine Benkhaldoune, membre du PJD, Mohamed El Hachimi, professeur universitaire et chercheur au Centre Jacques Berque, Hicham Amadi, membre du conseil national du RNI et Ghassan Benchekroun, Président de Tarek Ibn Ziad Initiative
Dire que les partis politiques traditionnels n’ont plus la confiance des peuples, est un euphémisme. Et le phénomène, s’il en est un, est quasi universel. Le Maroc n’y échappe pas, bien entendu. Pouvons-nous même dire qu’il est parmi les premiers pays où le raz-le-bol s’est exprimé envers les partis politiques et leur action jugée très peu satisfaisante. Longtemps, les hommes politiques ont été pointés pour tenir des discours incompréhensibles pour le commun des citoyens, mais aussi pour s’éloigner, dans leur action, des priorités de ceux par la voix de qui, ils ont été portés aux plus hautes sphères du pouvoir.
L’expression du ras-le-bol a, elle, évolué. De l’abstention au vote sanction il n’y avait qu’un pas et il a été franchi. C’est ainsi que les extrêmes enchaînent, depuis des années, les victoires électorales. Le peuple a envie d’essayer autre chose, une autre façon d’exprimer les idées et une autre façon de les mettre à exécution. À ses risques et périls parfois, mais le risque semble ne plus faire peur car certains se disent que le pire a déjà été atteint, alors que risquer de plus…
Un autre courant fait, par ailleurs, son petit bout de chemin, mais cette fois-ci, en dehors du cadre partisan à proprement parler. Des mouvements ne se réclamant ni de gauche, ni de droite et refusant même de se faire appeler partis politiques. Dans le fond et dans la forme, ces mouvements disent vouloir offrir une autre idée de l’engagement politique et de l’intérêt public. Ils veulent du changement, une sorte de renouveau de la vie politique. Et la sauce semble prendre. En France, Emmanuel Macron et son mouvement « En Marche » sont peut-être actuellement une des meilleures représentations d’une idéologie qui est, en réalité, beaucoup moins isolée que l’on pourrait être porté à le croire.
Cet homme dont personne, il y a encore trois ans, n’avait vraiment entendu parler, est en train de mener la course à la présidentielle française avec une assurance qui, si elle inquiète certains, en rassurent beaucoup d’autres. Car s’il n’est pas plus rassurant que d’autres sur la faisabilité de ses promesses pour une meilleure éducation, une meilleure santé et davantage d’opportunités d’emploi, du moins il rassure sur une chose, qui n’est pas des moindres. Il donnerait en effet la preuve que la machine électorale verrouillée depuis des décennies en mode gauche-droite, est aujourd’hui prête à s’ouvrir à d’autres courants quitte à ce que ceux-ci ne s’inscrivent pas dans la configuration traditionnelle dont les peuples se sont plus lassés qu’habitués.
« Changer ». C’est au Maroc le nom du mouvement qu’a lancé, de son coté, depuis quelques jours l’ancien Secrétaire général de la jeunesse du parti de l’Union Constitutionnelle. Après un divorce douloureux avec son parti lors des dernières échéances électorale, il dit entendre à travers son nouveau mouvement, qui n’est pas un parti politique, je cite « rendre le pouvoir aux citoyens ». Si dans la forme, le discours ne peut que séduire, il est toutefois permis de douter quand il s’agit d’aller dans le fond des choses. Car l’ambition n’est pas petite, elle est même très grande, celle de remettre de fond en comble un système politique basé sur une démocratie élective, représentative et le remplacer par ce qu’il désigne comme étant une démocratie participative, soit influer sur la politique autrement qu’à travers les urnes. Il brandit pour cela l’éventail de la Constitution et de l’arsenal juridique, notamment la loi sur les pétitions. Rêve ou utopie ? Les nouveaux mouvements peuvent-ils réussir là où les partis politiques ont échoué ? En ont-ils les moyens ? C’est notre débat avec nos invités cet après-midi dans Avec Ou Sans Parure.
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