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Marché

Qui arrêtera le Marché ?


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La Finance, monstrueuse… En ce sens qu’elle nous montre quelque chose, d’impalpable, d’impensé… Cet impensé, il irrigue, bien malgré elle – cette Finance, dont on ne sait parler, au fond… Au point que bon nombre d’imaginaires, de champs, tentent de la dire. Celui, par exemple, d’une certaine littérature qui naît entre la fin 19ème siècle européen et le début du 20ème.

Une littérature donc, dont le théâtre sera celui des premières opérations boursières. On y lit, clairement, une grande méfiance, une réelle détestation du monde de la finance, de la grande ambivalence que produit le principe de la spéculation. Répulsion et fascination sont aux commandes de ces œuvres, dont certaines sont majeures, comme l’Argent, de Zola.

La lecture de ces romans, – dont les qualités narratives ou stylistiques varient, presqu’autant que les cours, permet de constater que la Bourse, donc, y est décrite, vue, et voulue, comme un véritable champ de bataille. On y fait la guerre, et l’on n’a pas peur de laisser des cadavres joncher le sol de ce lieu qui est l’ancêtre des grandes salles de marchés modernes. La bourse, d’une certaine manière, laisse la nature des hommes surgir, – personnages terribles, de même que ces êtres, sont investis du pouvoir de faire disparaître des vies, de dévorer des chairs blanches et tendres, de sucer le sang… Il est vrai qu’il existe un rapport ontologique entre le sang, les flux sanguins et les flux financiers.

Autre trait de cette littérature : celle-ci ira jusqu’à représenter la spéculation comme substitut possible du plaisir physique, des plaisirs et autres rites interdits. Oui, il y a, dans la pratique financière, les prémisses d’une pratique d’ordre sexuelle… Mais il s’agit là d’une libido débridée, transgressive, incestueuse. Et donc tueuse. Dépense s’emploie aussi pour le liquide séminal lorsqu’on n’en use pas pour procréer.

On a, il faut le rappeler, et alors que s’écrivent les premières pages de cette littérature, – deuxième moitié du dix-neuvième siècle, commencé à réfléchir, à Vienne, dans le cabinet d’un certain docteur Freud, aux rapports qui s’établissent, possiblement, entre la vie sexuelle et le sens qu’il faut donner au destin de l’Homme. Alors, la Bourse, c’est peut-être l’un des lieux privilégiés d’expression du ça… Le ça, qui est l’autre nom du Marché, irrationnel, se désirant Tout-puissant, jouisseur et tueur… Comment se fait-il que personne n’est le désir de l’arrêter ?


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