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Pour une nouvelle politique de soutien à la PME… la création d’une BPI Maroc


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Le ralentissement continu de la croissance des activités non agricoles est observé depuis quelques années déjà par les analystes avertis.

Enfin, les doutes sont désormais partagés sur la durabilité, la solidité de la croissance et son contenu même.

Le Maroc se situe clairement à la croisée des chemins et se trouve confronté à la nécessité de trouver un nouveau souffle et un nouveau cycle de croissance, après avoir vainement cru au salut par le seul effet d’entrainement de l’investissement en infrastructures publiques et du soutien à la consommation.

Ces doutes entretenus par l’analyse dynamique et le caractère erratique de la croissance doivent conduire les pouvoirs publics à repenser leur stratégie et les modalités de leurs interventions à l’économie en soutenant directement le financement des PME, leur compétitivité et le développement de pôles de croissance de demain à savoir  les nouvelles technologies et l’innovation.

  • Alors que le Maroc peine à se réindustrialiser et risque de rater également la 4ème révolution technologique en marche…
  • Alors que la banque mondiale s’inquiète de la progression de ce fléau absolu qu’est le chômage, mais s’inquiète aussi de la faiblesse relative de la création d’entreprise au Maroc comparativement à d’autres régions du monde….
  • Alors que Bank Al Maghrib s’étonne de  l’atonie de la demande de financement des entreprises…
  • Alors que le HCP constate l’insuffisance qualitative et quantitative de l’investissement privé…
  • Alors que les banques, les organismes d’assurance crédit et les commissaires aux comptes alertent sur la dégradation de la trésorerie et des délais de paiement…
  • … l’heure est à la mise en place urgente d’outils nouveaux de soutien aux PME/PMI, plus percutants et plus directs.

En l’état actuel et de toute évidence, notre tissu économique fragile et insuffisant ne permettra pas de contenir la montée en flèche du chômage alors que l’année 2016 s’annonce… on va dire… morose pour ne pas inquiéter davantage.

Malgré le formidable rattrapage de l’économie durant les années 2000, malgré certains succès en termes d’IDE liés au plan d’accélération industriel à travers les succès aéronautiques et automobiles, le véritable décollage entrepreneurial,  industriel  et technologique espéré n’a pas eu lieu.

Il n’aura en réalité pas lieu sans la création, sans la promotion, sans le renforcement de notre réseau d’entreprises.

Ce n’est pas faute de talents… Ils sont nombreux les inventeurs, les porteurs de projets et entrepreneurs, les exportateurs, les informaticiens, les geeks à nourrir des envies de projets ou de développement…mais ils se sentent trop seuls, esseulés, abandonnés…

Outre la réforme du marché boursier, une véritable réforme fiscale, la promotion plus nette du capital développement et des fonds d’investissement, je milite depuis plusieurs années déjà pour la mise en place d’une banque publique d’investissement sur le modèle de la BPI française ou de la KFW allemande…Mais attention, une structure souple, participative, ouverte sur l’entreprise et conçue avec eux…

Au Maroc, cette structure que je veux mixte, paritaire et collégiale serait conçue comme l’outil d’une nouvelle politique de financement de l’économie, au service de l’économie réelle et de la TPME.

Pour rappel, la banque publique d’investissement (bpifrance) a pour priorité d’offrir l’ensemble des instruments de soutien financier aux petites et moyennes entreprises et aux entreprises de taille intermédiaire.

Elle propose des services d’accompagnement et de soutien renforcé à l’innovation et à l’export, accessibles pour les entreprises grâce à des guichets uniques dans chaque région. Cela cadre parfaitement avec la volonté de décentralisation avancée promue au Maroc et la volonté de faire émerger de véritables pôles économiques régionaux

Trois axes d’interventions sont assignés à la BPI

  1. Combler les insuffisances de marché qui handicapent le financement des PME
  2. Investir dans le développement des secteurs stratégiques de demain, comme le numérique et les NTIC, l’écologique, les énergies, et l’économie sociale et solidaire dont les coopératives et l’artisanat.
  3. Permettre un levier d’intervention nouveau et efficace  pour le développement des territoires.

La BPI française repose en outre sur trois volets :

  1. La constitution de points d’entrée uniques pour les financements publics à destination des très petites entreprises (TPE), des PME, des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et des acteurs de l’économie sociale et solidaire.
  2. Une nouvelle organisation du financement public des entreprises en France assurant au moins deux fonctions : les opérations en fonds propres et quasi fonds propres (prises de participation notamment) et les instruments de prêt et garanties aux PME.
  3. La création d’une structure et d’un organe qui aura pour missions de déterminer les grandes orientations stratégiques du groupe, de proposer à chaque région la conclusion d’un partenariat définissant les priorités pour son territoire, d’assurer le pilotage du réseau unifié et de garantir la cohérence des produits offerts.

Sur le même modèle, La KfW  ou établissement de crédit pour la reconstruction est une institution de droit public allemande, légalement indépendante, actuellement 9ème  banque allemande, créée pour reconstruire l’économie allemande en 1948, dans le cadre du plan Marshall et pilotée par le ministère des finances allemand.

Elle apporte depuis des dizaines d’années stratégie, cohérence, efficacité et continuité à la politique économique et industrielle et a permis à certaines régions de combler leur retard suite à la réunification avec l’Allemagne de l’Est.

  • Elle a pour vocation de mettre en œuvre les missions d’intérêt public telles que notamment le soutien aux PME et à la création d’entreprises, la mise à disposition de crédits promotionnels d’investissement aux petites et aux moyennes entreprises ainsi que le financement de projet de création d’infrastructures.
  • En matière d’éducation, La KfW finance la formation initiale, l’apprentissage et la formation continue d’élèves, étudiants et professionnels.
  • Elle gère également les participations de l’Etat et constitue un instrument efficace de la politique d’aide au développement.
  • Autre élément intéressant, les « länder » ou régions allemandes participent de cette structure à 20% et l’Etat allemand couvre juridiquement et financièrement les obligations et crédits de la KFW. Cet instrument peut donc se révéler intéressant pour piloter l’ambitieux programme de développement dans nos provinces du sud notamment.
  • Autre exemple intéressant dans le cadre de la politique africaine d’investissement souhaitée par le Maroc, la KFW finance également à travers le monde des projets d’investissement dans lesquels des intérêts allemands sont en jeu. Cet instrument peut donc s’avérer efficace pour accompagner le développement encore timide de nos entreprises en Afrique.

Ces banques publiques d’investissement entendent servir l’avenir et l’émergence des champions de demain de l’amorcage et les phases de démarrage jusqu’à l’internationalisation ou la cotation en bourse à travers le cofinancement, les prises de participation, le soutien à l’innovation, à l’export, de favoriser la transmission des entreprises… autant d’idées et d’expériences nouvelles que je voulais, chers amis, modestement participer avec notre chef de gouvernement et notre ministre du commerce et de l’industrie, qui nous écoutent j’en suis certain chaque matin…


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