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Benkirane

Le monde politique, selon M. Benkirane


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Abdelilah Benkirane n’aime pas Ilyas el Omari et ne s’en cache pas. Pour sa part, Ilyas el Omari n’apprécie pas trop Abdelilah Benkirane, mais il cache bien son jeu. Les deux sont engagés à fond dans la campagne électorale pour le 07 octobre, chacun avec ce qu’il est désormais convenu d’appeler ses éléments de langage… langage qui, quelquefois jadis et de plus en plus souvent aujourd’hui, devient un peu ordurier.

Que reproche donc M. Benkirane au parti Authenticité et Modernité, alias le PAM, de M. El Omari ? En gros, en substance et en un mot, le tahakkoum. Le terme est difficilement traduisible en langage clair, presqu’autant que la scène politique marocaine. Il s’agit d’une entreprise de domination de la vie politique. M. Benkirane et ses amis enchaînent ce mot à une remarquable vitesse et avec une louable régularité dans leurs prises de parole. Toutes leurs prises de parole. Grands et petits au PJD, ténors ou juniors, ministres ou édiles, élus ou non, tous n’ont que ce mot à la bouche.

Mais peut-on raisonnablement accuser un parti de vouloir dominer la vie politique dans son pays ? La question mérite en effet d’être posée. Dans les démocraties classiques, lorsqu’un parti domine les autres, ces autres s’en prennent à eux-mêmes et non à celui qui les domine. Sous nos latitudes, en revanche, on tend à penser que dominateur est synonyme d’exterminateur. Ce qui est faux, sauf quand il s’agit d’une domination par l’excommunication, ce que semblent vouloir faire M. Benkirane et ses commensaux.

Pour sa part, M. El Omari œuvre à amener le plus grand nombre possible de partis dans son giron, autour d’idées modernes, mais en se défendant d’une quelconque volonté de bipolarisation. Et à y regarder de plus près, il ne tente pas tant de dominer qu’à casser ce qui ressemble de plus en plus à une entreprise de domination du PJD. Pour les amis de M. Benkirane, en effet, un autre maître mot est mis en avant et jaillit de toutes les lèvres : le « maâqoul », ou sérieux. En creux, cela signifie que ceux qui ne sont pas avec le PJD ne sont pas maâqoul, et qu’ils sont donc peu sérieux. Le PPS est jugé sérieux, car il a annoncé son alliance pour toujours et pour de vrai avec le PJD. Hormis donc les ex-communistes, les autres sont excommuniés.

Déclamés avec puissance et proclamés avec constance, les deux mots de tahakkoum et de maâqoul résument la ligne de conduite du PJD. Si vous n’êtes pas avec nous, vous n’êtes donc pas sérieux, comme le PPS ou encore, dans un proche avenir, l’Istiqlal. Or, les grands chefs militaires et tous les traités de guerre l’affirment, un ennemi doit avoir un visage et, si possible, un nom. Et cela est vite trouvé. Cet ennemi est Ilyas el Omari.

Il est accusé tour à tour de vouloir dominer, de s’être enrichi d’une façon fort discutable, d’avoir pris langue avec des personnes fort peu recommandables, de vouloir enrichir les trafiquants de H et en même temps appauvrir les cerveaux des jeunes, … et tout dernièrement, une autre accusation s’affine et se peaufine. M. El Omari serait ainsi l’un des animateurs d’un autre Etat qui sévirait selon Benkirane au Maroc, en parallèle à l’Etat dont il est le chef du gouvernement.

Mais à y regarder de plus près, que veulent dire Benkirane et ses fidèles en s’attaquant à El Omari et en dénonçant cet autre Etat, qui serait tapi dans l’ombre et dont ils craignent les faits, effets et méfaits ? Que le pays est fragile ? C’est oublier sa stabilité unanimement et universellement reconnue… Que le pays est en danger ? Nous n’en avons pas le sentiment, sauf à vouloir crier au loup et clouer au pilori d’autres que M. El Omari, que M. Benkirane n’ose pas affronter frontalement.


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