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Marocain

Marocain, et alors?


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Marocain

Le Maroc, le seul pays au monde, je crois, où être un ressortissant national ne garantit aucun traitement de faveur, aucune primauté particulière. C’est même plutôt le contraire. 

Prouvez-le me direz-vous ?

Je relève le gant.

Les exemples sont légion et ma chronique plutôt courte alors hâtons-nous.

Soyons organisés et prenons les choses chronologiquement.

Ainsi, le marocain qui rentre au pays se doit, comme n’importe quel étranger visitant le Royaume pour la première fois, de montrer patte blanche (enfin patte nouss-nouss pour la majorité d’entre nous), de remplir une fiche de police et d’y décliner toute une série d’informations le concernant et il doit même expliquer la raison pour laquelle il revient au pays, dans son pays.

Une fois cette fiche de police dûment remplie, il doit faire la queue au guichet de la police aux frontières sans pouvoir bénéficier d’aucune file réservée aux citoyens marocains. Partout ailleurs, il y a des guichets réservés aux nationaux. Pas au Maroc…les modestes de toute nationalité aux guichets classiques, les moins modestes de toute nationalité au fast-track et pour les puissants, comme vous le savez, la police aux frontières n’existe pas.

Si pour son malheur, il doit entrer en relation avec une administration, il comprendra vite que le traitement de son dossier est une faveur qui lui est faite et il devra prouver par des documents dûment légalisés et émis par l’autorité même qui les lui demande, chacune de ses affirmations.

Dans le même temps, l’étranger s’il est européen ou américain se verra quant à lui réserver un accueil de premier plan…s’il est subsaharien, il attendra. Et là encore, pas de guichet réservé aux nationaux.

Ne stigmatisons pas l’administration puisque entre particuliers, c’est la même chose, kiff kiff. S’il veut louer un appartement, les propriétaires préfèreront majoritairement et idéalement louer à des étrangers européens ou américains beaucoup moins aux marocains et définitivement pas aux subsahariens.

S’il se résout finalement à aller à l’hôtel, notre marocain, devra avant d’ouvrir son maroquin, rédiger à destination de l’hôtelier une brève autobiographie dont le style compte beaucoup moins que la véracité des informations qui y seront couchées. En parlant de coucher, il devra, s’il est accompagné par une personne du sexe opposé, produire un acte de mariage dûment estampillé par les autorités compétentes.

À défaut, point de repos.

Par contre, deux touristes étrangers radins ou simplement soucieux de faire des économies pourront partager une chambre d’hôtel mais deux marocains ne pourront le faire s’ils sont du sexe opposé. Ils le peuvent par contre s’ils sont du même sexe. Conséquence induite, c’est je crois, sublime ironie, l’une des seules situations où les homosexuels marocains, ces délinquants que la loi réprime et que la morale commune réprouve, ont un traitement plus enviable que leurs concitoyens hétérosexuels.

Si ce même marocain souhaite occuper un poste important dans le secteur privé ou la fonction publique, il a tout intérêt à bien savoir parler français idéalement sans cet accent maghrébin dérangeant et qui rappelle par trop l’immigré première génération, le MRE à qui on refuse encore de nos jours la faculté de voter en personne et d’être éligible. Dans le même temps, les étrangers installés au Maroc peuvent constitutionnellement voter sous réserve de réciprocité.

Rendez-vous compte, si vous parlez qu’arabe ou amazigh, on peut comprendre que cela ne constitue pas un avantage en France ou aux États-Unis mais que cela constitue un handicap au Maroc, comment le comprendre ? Qui peut l’accepter ?

Dans quel pays le fait de parler une langue étrangère non officielle est une condition quasi essentielle au bon déroulement d’une belle carrière professionnelle ?

Nulle part ailleurs si ce n’est au Maroc et chez nos meilleurs ennemis, nos voisins de l’Est.

Stop ou encore ?

Allez stop, je pense que vous avez compris ce que je veux dire et pour ceux qui observent un tantinet le pays dans lequel ils vivent, je ne vous apprends rien.

Verlaine s’est trompé, Kaspar Hauser n’est pas allemand. Il est marocain.


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