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Lettre à nos amis français


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Elle s’appelait Djamila Houde, elle est décédée le Vendredi 13 Novembre, lors d’un rare moment de détente, alors qu’elle était attablée avec ses amis la veille d’un week-end ordinaire comme il s’en passe chaque semaine à Paris ou à Casablanca.

Djamila, maman d’un petit enfant, a été fauchée par la haine et la barbarie car certains illuminés en ont décidé ainsi. Elle n’a surement pas eu le temps de comprendre… mais comprendre quoi au juste… L’indicible, l’irrationnel, l’incompréhensible? Elle sera inhumée au carré musulman de Dreux en France.

Djamila, c’est un destin parmi des centaines d’autres, des vies perdues, des corps meurtris, des âmes blessées, des esprits marqués à jamais.

7 jours après les attentats, le cœur n’y est toujours pas, la tête et l’esprit non plus. Pourtant, le plus dur reste à venir et à construire ou à reconstruire… et c’est plus que jamais pour la société française le moment de se ressaisir… ensemble.

Il faut trouver la force, les ressources et l’énergie collective pour dépasser les ressentiments, la colère, les crispations mais aussi les méfiances et les peurs. Il ne faut surtout pas s’enfermer dans une impasse, là où veulent nous entraîner ces barbares mais faire face ensemble car la menace reste présente et multiforme ici comme ailleurs.

Le combat contre le terrorisme est permanent, quotidien et il sera long et pénible… mais aussi douloureux encore.Nous pensions avoir tout vu en matière de terrorisme, nous n’avons peut-être pas tout vu encore.

Dorénavant en France comme ailleurs, tout est possible même des femmes kamikazes, même le risque d’une attaque chimique ou bactériologique nous dit-on. L’horreur a-t-elle une limite ? A-t-elle atteint son maximum ? Pas sûr… malheureusement.

En attendant, que restera-t-il du vivre ensemble, du pacte républicain et de la cohésion sociale en France au lendemain de ces attentats alors qu’ils étaient déjà si largement entamés ?

Du néant et du chaos jaillissent parfois la lumière pourrait-on rétorquer. Ce peut-être là paradoxalement peut être le point de départ de la construction d’un nouveau « Nous » redessiné et plus serein.

Ils nous ont promis la guerre, promettons-nous alors plus d’amour et d’empathie dans un profond ressaisissement  collectif.

Tout d’abord, il est nécessaire en France de redéfinir des liens et des relations nouvelles avec la communauté musulmane et ses institutions sur la base d’un vrai programme d’intégration et d’un pacte républicain apaisé. Il est également urgent de poser les bases d’une laïcité modernisée, renouvelée et moins sectaire. Il faut que cette laïcité soit moins vécue comme une forme de rejet et d’injonction mais plus comme un socle souple d’adhésion et de convergence.

De même, l’école, pensée comme un sanctuaire, ne peut jouer en l’état son rôle d’éveil des consciences, de partage et de construction sereine des identités et des mémoires. Elle ne permet actuellement ni l’ouverture sur les cultures ni la réconciliation. L’école de la République, ce formidable et puissant outil de construction, de formation et d’intégration ne joue clairement plus son rôle alors que la crise économique et sociale accentue les fractures.

Par ailleurs, il devient impérieux de mettre en place de véritables moyens financiers, matériels et humains afin de conforter l’islam tolérant ultra majoritaire en France qui manifeste actuellement partout et en ce vendredi sacré sa solidarité totale à l’égard de la communauté nationale dont il est fait partie.

La culture et l’éducation sont des outils efficaces pour combattre la radicalisation et le fanatisme. Il faut donc mener un jihad sur les consciences, un jihad du savoir, de la culture, de l’éducation.

Il faut mener un effort intense et acharné pour la vulgarisation et l’interprétation de l’esprit et de la lettre des textes coraniques sacrés et combattre les mensonges, les réécritures, les manipulations qui se nourrissent du vide et de l’ignorance…

Il faut un effort vers plus d’amour pour éradiquer et étouffer la haine.

La redéfinition du pacte républicain et du contrat social passe aussi par une lutte sans complaisance contre les discours de haine de tous bords, et ce, alors que les discours islamophobes se libèrent encore davantage. Rappelons qu’il y a quelques jours, Eric Zemour vient d’évoquer sans complexes dans le quotidien « Il Corriere della sera » comme solution la déportation des 5 millions de musulmans.

Il est plus que jamais nécessaire de redéfinir également les moyens et les conditions d’assistance et d’accompagnement des familles même des djihadistes. Il y a souvent conflit ou rupture avec ces criminels au sein des familles  et certaines n’ont rien vu venir avant la radicalisation.

La redéfinition ou le rétablissement des frontières ou des contrôles à l’intérieur  de l’espace Schengen ou à ses limites est clairement posée. Une fois dans l’espace Schenguen, force est de constater que l’on fait ce que l’on veut.

Certains pays européens seraient considérés comme moins bien outillés ou plus laxistes car sans doute moins exposés au risque terroriste, c’est le cas notamment des ex-pays de l’Europe de l’Est notamment.

Alors que la commune de Molenbeek en Belgique est désormais pointée du doigt, combien d’autres bastions du radicalisme se développent au cœur des villes de France, d’Espagne, de GB, d’Allemagne notamment.

Alors que nombre de pays européens dont la France et la Belgique avaient durci leur dispositifs antiterroristes depuis Janvier 2015, au lendemain des attentats de la rédaction Charlie Hebdo, sommes-nous désormais condamnés à avoir toujours un temps de retard sur les cerveaux malades ?

Le renseignement européen a trébuché, l’espace Schengen a été une dangereuse passoire.

Heureusement le renseignement et la coopération marocaine ont été sans faille et décisifs pour procéder à la neutralisation de ce commando djihadistes qui s’apprêtait semble-t-il à commettre un véritable carnage notamment au centre commercial des quatre temps à la défense.

Le Maroc et les marocains sont aux côtés de la France.

Rappelez-vous cette phrase de feu Mohammed V que j’évoquais il y a quelques mois. Il y faisait le serment de ne jamais trahir l’engagement de l’amitié franco-marocaine.

Le Maroc et sa Majesté perpétuent aujourd’hui ce serment.

La France et le Maroc, les marocains et les français sont aujourd’hui unis et solidaires dans l’épreuve.

Vive le Maroc, vive la France !


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