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Le gouvernement s’annonce pléthorique et peu homogène


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La classe politique au Maroc n’a jamais été véritablement lisible. Depuis l’aube de l’indépendance et les premiers exercices électoraux, il y a eu des partis du Mouvement national, auxquels le roi défunt Hassan II avait opposé des partis à sa dévotion. Il y avait alors les partis démocratiques, et ceux dits de l’administration. Le temps est passé, et les choses ont évolué.

Ces formations existent toujours aujourd’hui, mais leur nature a changé… autant qu’a changé la population, ses attentes et l’offre politique représentée par les différents partis. L’Istiqlal n’est plus que l’ombre de lui-même, sur le plan de l’idéologie et de la qualité de ses dirigeants. L’USFP ne tient plus que par la peinture rose de sa rose. Le PPS a oublié jusqu’à l’orthographe même du mot communisme. Le RNI est toujours ce parti d’appoint qu’il fut toujours. Le MP se cherche, comme toujours, et jamais il ne s’est retrouvé. Quant à l’UC, elle est sortie du néant, et au néant elle semble être repartie.

Aujourd’hui, on parle de Koutla qui irait au gouvernement pour permettre une majorité absolue au PJD de Benkirane. À eux trois, PPS, Istiqlal et USFP porteront cette majorité à 203 voix. Mais peut-on vraiment parler d’alliance gouvernementale avec des gens comme Chabat et Lachgar qui avaient porté les pires accusations contre le chef du gouvernement Abdelillah Benkirane ? Peut-on vraiment croire que ledit Benkirane a oublié ces insultes et ces accusations ? Non, et nous sommes de ce fait dans une configuration plus politicienne que politique.

Benkirane veut avoir la majorité absolue, formée de partis qui ne peuvent claquer la porte, au risque de plonger dans le néant. Des partis qui apportent l’appoint en contrepartie de départements ministériels. C’est exactement ce que le roi avait qualifié de partage du butin. C’est ainsi que le chef du gouvernement désigné veut transformer sa victoire relative en triomphe absolu et pouvoir non moins absolu, du moins au gouvernement. Reste la compétence…

Et c’est précisément pour cela que le chef du gouvernement désigné œuvre à attirer le RNI dans son giron. Il souhaite s’adjoindre les compétences des cadres d’Aziz Akhannouch, entrepreneurs et connaisseurs des rouages économiques. Mais, en même temps, il n’a que très peu de confiance dans ce RNI qui pourrait, à ses yeux, le lâcher d’un jour à l’autre, d’où l’alliance avec l’USFP.

Toutefois, si Lachgar, homme de fiabilité douteuse et de périlleuse compagnie, venait à son tour à jeter l’éponge, le gouvernement tiendrait toujours avec la présence du RNI. Benkirane ratisse donc très large afin d’allier la sécurité numérique à la compétence technique.

Il est cependant un point dont on ne parle que rarement quand on évoque la formation du gouvernement : la compétence. Si l’on considère que l’intelligentsia de l’Istiqlal et de l’USFP est nouvelle, pour cause de départ des anciens cadres que furent Hjira, Ghellab, Chami, Ameur, on prendrait la mesure du manque de préparation des nouveaux dirigeants des deux partis. Inexpérience au mieux, incompétence au pire, inconsistance dans tous les cas.

Et c’est pour cela que quand le chef du RNI parle de cohérence et d’homogénéité du futur gouvernement, ce que Benkirane a déclaré être une exigence d’Akhannouch d’écarter l’Istiqlal, c’est pour mieux négocier son entrée et s’assurer des départements économiques les plus importants, qui ont été gérés de façon plus que convenable ces trois dernières années. Mais si Akhannouch pense économie et entreprises, comme le technocrate qu’il a toujours été et qu’il a accepté de rester, Benkirane est dans une posture politicienne et arithmétique.

On attendra donc cette semaine, mais il est clairement établi maintenant, avec les « oui » du RNI et de l’USFP, que nous aurons un gouvernement aussi peu homogène que pléthorique, surtout si le RNI arrive avec le MP et l’UC. Nous aurons donc la Koutla, l’ancien Wifaq, en plus du PJD.

Cela étant, et quelle que soit la configuration retenue, le Maroc ne peut plus attendre un gouvernement qui, en plus de ne pas être, n’en finit pas de naître, et M. Benkirane devrait prendre la mesure de sa lourde responsabilité.


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