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Rachid Belmokhtar

Rachid Belmokhtar et le dilemme des écoles privées marocaines.

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Mise au point de Luxe Radio :

Dans un communiqué qui nous a été adressé ce vendredi 24 février, Rachid Belmokhtar ministre de l’éducation nationale revient sur ses propos tenus la veille dans l’émission « Avec Ou Sans Parure » dans sa version grand oral sur Luxe Radio. Le ministre fait une « mise au point » ce matin que nous nous obligeons à transmettre à la lettre « M. le ministre n’a nullement cité le nom dudit établissement scolaire lors de l’émission. D’ailleurs il n’a cité le nom d’aucun établissement privé en particulier. Concernant la convocation d’un établissement scolaire privé par les autorités locales et le Directeur de l’Académie Régionale de l’Education et de la formation Casa-Settat, M. le ministre faisait allusion à un autre établissement, le but étant de s’enquérir de la situation administrative et juridique de l’établissement en question et non une éventuelle fermeture. » Étonnés devant l’ampleur d’un tel rétropédalage, nous publions ici l’échange entre nos équipes et le ministre, lorsque ce dernier répondait à la question précise d’un de nos chroniqueurs sur « une école étrangère énorme qui vient d’ouvrir sur Dar Bouazza », écoutez la réponse de Rachid Belmokhtar :

Nous notons avec tristesse la sensibilité qu’évoque un tel sujet d’intérêt national et l’idée qu’un responsable public de haut niveau soit dans l’obligation de sortir un communiqué grand public pour revenir sur ses déclarations. Bref, cela importe peu, nous laissons aux auditeurs et aux lecteurs le soin de juger les démarches de chacun. Par ailleurs, nous avons reçu au même moment un communiqué de la part de l’établissement d’enseignement évoqué dans notre article paru le jeudi 23 février, et dans lequel l’école citée déclare qu’elle « n’a reçu aucune convocation de la part du Wali du grand Casablanca ». Nous croyons en la sincérité de cet établissement et nous procédons à la suppression de notre article du jeudi 23 février dans lequel Rachid Belmokhtar induit en erreur et de manière injuste, nos auditeurs ainsi que nos lecteurs alors que la question de notre chroniqueur était nette et claire, source à l’appui diffusée plus haut. Et de quel « autre établissement » parlait il donc? Nous ne saurons davantage. Cela dit, et à la lecture de plusieurs commentaires suite à l’émission, le problème de l’enseignement privé au Maroc, préscolaire, primaire et secondaire, pose plusieurs problématiques d’ordre légales et entretiennent des confusions qu’il serait judicieux d’éclaircir. D’ailleurs, Rachid Belmokhtar, et à juste titre, nous demande de « faire la distinction entre les écoles marocaines privées soumises à la loi 06.00 dont celles bénéficiant d’une homologation (d’instances publiques étrangères) pour dispenser un programme étranger, et les établissements étrangers mis en place dans le cadre de conventions bilatérales entre le gouvernement marocain et ses homologues étrangers. » Comme les « missions » étrangères par exemple, ces dernières sont créées dans le cadre d’accords bilatéraux entre le Maroc et d’autres pays, l’opérateur d’une telle « mission » est obligatoirement une association à but non lucratif affiliée à une agence publique gouvernementale étrangère. Elle doit être créée conformément au dahir n 1-58-376 du 3 joumada I 1378 ( 15 novembre 1958). Ces « missions » ne sont pas assujetties à la loi 06.00 qui impose à tout établissement privé marocain, homologué d’instances étrangères ou non, de dispenser exclusivement le programme public marocain. Et c’est bien au niveau des écoles privées « huppées » marocaines que le problème réside, écoutez le ministre de l’éducation nationale qui s’explique:

L’exception étant devenue la règle, 95% des élèves inscrits dans ces écoles privées marocaines homologuées d’instances étrangères, sont marocains et ne rentrent pas dans la catégorie des élèves arrivant de l’étranger. Légalement, elles sont dans l’obligation de dispenser exclusivement le programme national public marocain. Au Maroc, la privatisation de l’enseignement est passé de 12% à 21% entre 2011 et 2016 à coup de programmes étrangers interdits vis à vis de la loi 06.00. Plusieurs acteurs de la société civile lancent des signaux d’alarme au sujet du fossé qui ne cesse d’augmenter entre l’éducation nationale et privée, mais sans réponse. Les observateurs décrivent une bombe à retardement dans 10 ans, deux enfants de 8 ans provenant de systèmes d’éducation différents savent qu’ils n’ont pas la même égalité de chance alors qu’ils n’y sont pour rien. Les parents des enfants inscrits dans les écoles privées quand à eux, qualifient de très mauvaise qualité l’éducation nationale et la refusent pour leur progéniture. Pour ce professeur qui a souhaité garder son anonymat, « Ceux là représentent 20% certes, mais pèsent plus que les 80% restants, il n’y a qu’à voir le rétropédalage du ministre devant le privé ». Pourtant, les paroles de Rachid Belmokhtar ont été lucides sur notre antenne. « la loi doit être respectée même si elle est mauvaise »… « les parents sont censés être au courant »… « chacun doit prendre ses responsabilités » tels ont été les propos du ministre de l’éducation nationale en réponse à nos questions. Reste à savoir si « l’inspection généralisée » lancée par son département débouchera sur des sanctions ou des fermetures d’écoles privées! Affaire à suivre.


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