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Peuple

Le Peuple, l’Homme de l’année


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Il aura été sur toutes les lèvres…

De toutes invectives.

De tous les meetings, et de tous les discours.

Toutes les voix, fortes, claires, chevrotantes, ont dit son nom.

Il aura, en cette année, fait rougir tous les yeux, fait couler tant d’encre, de même que coule encore son sang.

Il n’est, en vérité, pas de femme ou d’homme politique, ni de tribun, despotique, modéré, ou nouvellement éclairé qui ne l’ait rétabli dans ses droits solaires ; n’en est fait l’astre à la fois le plus injustement solitaire, et si magnifique, de son système rhétorique.

Oui, salué, applaudi, acclamé.

Par les grands, les puissants, mais aussi les lointains, retrouvant brutalement leur mémoire ; les plus proches, se félicitant de leur fidélité, enfin payante. Dans le bruit, dans la fureur, dans le calme qui précède la tempête, le voilà, plus fort, plus beau, plus idolâtré que jamais…

Lui, c’est le Peuple.

Oui, s’il est un dieu païen qui nous ait sorti du triste, froid et gris monothéisme du démocratisme social, libéral, s’il est une idole bien vivante qui reprend possession de son autel, sacrificiel, – on l’a vu, et on le verra encore, c’est bien le dieu-peuple.

Enfin, le peuple revint, en cette année.

Comme sorti d’un long sommeil, d’une sorte d’hibernation historique ou les technocrates, les hypocrites, l’avaient plongé, et maintenu, depuis si longtemps.

Les technocrates, donc.

Et avec eux les oligarques, mais aussi tous ceux qui les servent, – médias affiliés, idéologues affidés,… Tous ceux qui, n’ayant pas vu, ressenti, ou n’ayant pas, – et c’est là le plus certain désormais, – refusé de voir que lui, le peuple revenait, comme la pire, mais la plus puissante des vérités uniques ! Comme le cauchemar des élites. Et de tous ceux, encore, qui, dans l’ombre, ou profitant du sombre éclat des plateaux de télévision, elles-mêmes vendues, comme de bien entendu.

Tous ceux qui, désormais, deviennent comptables de leurs silences, leurs mensonges, leurs alliances… Tous les inventeurs, les concepteurs, les mécaniciens en chefs de la grande machine qui ne fût créée que pour le nier, l’affamer, l’assoiffer, l’humilier, et enfin l’abattre ; voici venu le jour, l’éternel retour du peuple, auquel, au fond, on ne peut pas mentir, et qu’on ne peut pas vaincre.

C’est le grand soir du Peuple, justice est venue, elle est là ! Et tous ceux qui ne l’aiment pas, vont payer, ou paieront, d’une manière ou d’une autre.  Car on ne peut pas mentir éternellement au Peuple !

Il est comme la terre ; il est le sel de toutes les métaphores, le ferment de toutes les allégories. Une manufacture à mots toujours plus beaux, plus vrais les uns que les autres.

Il suffit, pour vérifier sa puissance de vie et son unicité, de s’en remettre à son origine, qui est sa vérité. N’est-il pas, le Peuple, ce qui peuple ? C’est-à-dire ce qui remplit la Terre, ou un pays, de chair, de sang, de joies et de peines, de femmes, d’enfants, de marchands et de paysans ?

N’est-il pas, le Peuple, ce qui comble le vide métaphysique laissé, en Europe, et par la mort de Dieu, puis celui peut-être plus tragique, des idéologies ?

N’est-t-il pas, au fond, tout ce qui reste à vivre, et tout ce qui reste à dire ? Et seul, sans rival, propre à tous les délires ? Et tous les délirants ? Qui, en cette année électorale, n’a pas, d’abord, élu le peuple ? Qui ne lui a pas rendu sa grandeur volée ? Et qui, on se le demande, de Trump a Mélenchon, en passant par Marine et Grillo, n’a pas emprunté le peuple aux pauvres, pour le leur rendre… Plus invincible encore.

Résurrection du Peuple, dont le retour pourrait bien nous faire oublier ce qu’en disait Platon, le distant, le hautain, et non moins génial auteur et théoricien d’une République… Dont il disait que si elle devait être comparée à un corps, le peuple en serait le ventre… Siège des passions, des plus nobles, aux plus criminelles. C’est le peuple qui donne son sang au nom de la Liberté… Et c’est lui qui lynche, lorsqu’on vient lui voler son pain.

Divinisation du Peuple, dont on oublie, qu’au delà des psaumes que l’on chante à sa gloire, du poème de feu que l’on écrit pour lui, qu’il est aussi l’objet de toutes les manipulations… Celles, non pas, non plus, des politiques, – mais des théocrates qui savent toujours si bien, et en tout temps, administrer son culte.

Ce temps est revenu et il semble bien qu’il va durer longtemps, peut-être même une nouvelle éternité.

À ce titre, il semble alors, qu’il n’y ait que lui, le peuple, pour être l’Homme de l’Année.


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