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« Être Français, c’est être blanc » dit celui qui s’est autrefois engagé à défendre les droits de l’Homme et plus particulièrement la liberté de la presse. Il ajoute que « dans une classe du centre-ville de chez moi, 91% d’enfants musulmans, évidemment que c’est un problème, il y a des seuils de tolérance ». Passant sans vergogne de la stigmatisation ethnique à la stigmatisation religieuse.

Pour lui, pas de place en France pour les arabes et les musulmans sauf à la marge, une très petite marge. Pour lui, les Français doivent être, majoritairement européens, blancs, catholiques. La diversité doit relever uniquement de l’exotisme et non du quotidien. Le catholicisme doit seul être le marqueur de la francité. Caucasiens et catholiques. En dehors de ces caractéristiques, nul ne devrait pouvoir valablement se dire français.

Cette lecture violente et binaire du monde, que l’on croyait à tort révolue, n’est pas l’apanage d’anciens journalistes français en mal de carrière politique. Mutatis mutandis, nous avons les mêmes, ici, à la maison. Beaucoup chez nous, violemment hostiles aux droits de l’Homme et aux libertés individuelles, considèrent que ne peuvent avoir droit de cité au Maroc que les arabes musulmans.

Parce qu’ici c’est chez nous, et puisque c’est chez nous, il n’y a pas de place pour une pensée différente, une couleur de peau différente, une religion différente ou alors à la marge seulement. Ces gens-là ne sont pas comme nous vous savez et si nous en laissons entrer trop, alors nous serons envahis, remplacés définitivement. Catholiques et blancs de l’autre côté de la méditerranée, bruns et musulmans de ce côté-ci. Noirs et animistes au-delà du désert du Sahara.  Chacun figé dans un territoire, une identité, une religion…pour l’éternité. Telle serait pour eux une bonne et saine organisation du monde.

Le métissage, la diversité et les libertés individuelles et collectives sont pour eux des abominations. Ils parlent sans cesse d’identité, de grand remplacement, de péril noir ou vert, de néo-colonialisme, de mœurs et de cultures importés, de nations et de peuples qu’il faut protéger. Les mêmes discours faussement qualifiés de parler vrai, les mêmes haines recuites, les mêmes stigmatisations, seule la figure de l’autre change… le musulman là-bas, le mécréant ici.

Ceux qui partout divisent le monde en eux et nous, eux face à nous, eux contre nous, sont en réalité partout les mêmes. À grands renforts de nous fantasmés et de eux stigmatisés, ils veulent faire de ce monde un cauchemar. Obliger les uns et les autres à se positionner en pour ou en contre. Jamais avec ! Il te faut choisir mon frère, tu es avec nous ou contre nous, un des nôtres ou un traître.

Pourtant tu le sais, notre modernité n’est pas leur modernité, nos principes ne sont pas les leurs. Nos religions sont différentes. Nos traditions sont différentes, nos langues sont différentes alors pourquoi serions-nous égaux ? Pourquoi auraient-ils les mêmes droits que moi chez moi ? Pourquoi accepterai-je qu’ils viennent travailler et vivre dans ce pays qui est le mien ?

Ce qu’ils présentent comme une simple description du réel est en réalité d’une violence inouïe. Se dire musulman, chrétien, européen, ou autre chose, c’est délibérément se séparer du reste de l’humanité, et cette séparation due à ses croyances, à sa nationalité, à ses traditions, porte en germe toute la violence du monde.

Les tenants de ces doctrines mortifères le savent et appuient leurs enseignements d’une part sur le respect dû à la tradition, source d’une colossale paresse intellectuelle et morale, et d’autre part sur un système éducatif axé sur le passé, l’autorité, l’acceptation, le conformisme et l’imitation. Ils prétendent vous préparer au futur en ne vous fournissant qu’un rétroviseur.

Résolument hostiles à la liberté, à l’égalité et à l’universalité, sans cesse à essentialiser l’autre. À ne voir dans le voisin qu’un arabe, qu’un blanc, qu’un musulman ou un chrétien au lieu de le percevoir dans sa singularité individuelle et dans sa commune humanité. Ils ne voient jamais l’individu dans sa particularité, le groupe, rien que le groupe.

D’ailleurs pour eux l’individu, la personne humaine ne compte pas, importe si peu. Seul compte le groupe, les individus ne sont que les membres interchangeables de ce groupe qui leur est supérieur et à qui ils doivent aveuglément obéissance et fidélité. Ce groupe qui dès que l’occasion se présente doit faire la démonstration aux autres de la supériorité de son ethnie, de sa religion et de ses principes. Groupe qui ne doit surtout jamais accueillir des principes venus d’ailleurs quand bien même ces principes seraient objectivement meilleurs ou utiles. La pureté du groupe serait entachée et le rêve de régner mille ans disparaitrait dans les abymes de l’histoire.

Ils sont nombreux, de plus en plus nombreux. Tuer au nom du jihad pour les uns, tuer pour consommer à outrance pour les autres. Rien d’autre ne compte. Et si peu de Camus ou de krishnamurti pour tenter de les faire douter un peu. Ces chrétiens et ces musulmans si persuadés de leurs différences irréconciliables sont pourtant les plus éloignés de ces religions qu’ils ont pour étendards et auxquelles ils se réfèrent constamment.

Aux évangiles qui affirment qu’il « n’y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous » répond un hadith qui proclame que « les Hommes sont égaux entre eux comme les dents d’un peigne, pas de différence entre un blanc et un noir, entre un arabe et un non-arabe, si ce n’est peut-être par leur degré de piété ». Et c’est un utilisateur intensif du peigne qui vous le dit.


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