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De la virtu chez les Anciens


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L’hindouisme (en ses multiples variantes) a été considéré par les Oulémas comme l’une des religions du Livre.

Comment et pourquoi ne sera pas notre sujet, mais plutôt que selon les textes védiques, la virilité repose dans la faculté de concentration dans la contemplation — des réalités divines. Puisque cette tradition recourt énormément à l’iconographie, il n’est qu’à se reporter aux images de Shiva — disons que ce sera, chez eux, comme l’un des Noms de la divinité suprême. Le plus souvent, Shiva est proposé à la méditation de l’orant assis en tailleur, concentré sur sa vision intérieure. En revanche, s’il est considéré dans le rapport, actif, qu’il entretient avec notre bas-monde, il est alors représenté sous un autre aspect — un autre Nom, dirions-nous — dont la première particularité est d’être féminin et que l’on appelle sa shakti. Elle porte le nom de Durga et quelques attributs passablement guerriers, assise sur un tigre. Ainsi, l’action, et a fortiori la guerre, « chevaucher le tigre » dit-on là-bas, était de l’ordre du féminin, pour les sages d’il y a 7000 ans. On notera, bien évidemment, que l’un des objets rituels les plus sacrés dans ce contexte est le shiva-linga, qui symbolise l’union du masculin et du féminin, donc de la contemplation et de l’action, et fait parfois ricaner des adolescents pas très au fait des choses de la vie.

Non loin de là, les voisins de Chine — dont le hadith nous dit que la science mérite d’y être recherchée — estiment que développer le yang, pour les hommes et en termes radiophoniques, passe par la concentration et la maîtrise de l’émission des fluides. Une retenue qui développe tout autant, c’est important, le yin de sa partenaire dans un échange mutuel. D’aucuns reprocheront peut-être au christianisme d’avoir poussé la logique un peu trop loin, mais l’idée générale restait la même. Jusque dans la chevalerie, lieu de l’action guerrière par excellence, où les cultes mariaux et de la Dame furent prédominants, comme chez les kshatriyas indiens ou les Arabes préislamiques. Un épisode célèbre de la vie du Prophète lui-même nous montre que rien ne se peut s’opposer à la puissance féminine — de ses épouses, en l’occurrence —, pas même l’Envoyé et les anges réunis, sinon une intervention divine. Bref, autrefois, tout le monde semblait d’accord : la vertu masculine par excellence était la concentration et la retenue ; la féminine, la puissance et l’action. Chaque individu portant évidemment une combinaison unique des deux, et devant se débrouiller pour les équilibrer.

Que l’on ait, depuis, totalement inversé ces conceptions, voilà qui donne de l’intérêt pour les études de genres, dont l’objet est précisément l’évolution de ces notions à travers l’histoire et les sociétés. Cela peut aussi nous interroger sur la mode du multitasking, chez nos cadres et nos enfants. Mais entendre, encore, les vieilles sirènes des droites extrêmes européennes pleurnicher sur ce qu’elles appellent une « féminisation » de « leur » civilisation prend tout son effet comique. Si « perte de virilité » il y a eu en Europe, ou une rupture d’équilibre, cela remonte alors à un temps où l’action, et singulièrement la violence, auront primé sur la faculté de retenue. Pour trouver ce point de bascule, il faudrait sans doute chercher bien avant le moment où les femmes ont été admises à travailler dans les secteurs industriel et tertiaire, ainsi qu’à voter. On pourrait, par exemple, aller voir du côté des premières croisades, notamment en ce qu’elles donnèrent lieu aux premiers pogroms organisés, des bords du Rhin jusqu’à Kiev. Ou songer à la Reconquista, chassant et massacrant juifs et musulmans, puis aux génocides continentaux en Amérique. C’est d’ailleurs à peu près la période où les bâtisseurs n’ont plus su comment orienter leurs églises.

Il sera charitable de ne pas évoquer les histoires de vestiaires, sportifs ou militaires. Il semblerait que s’y noue un rapport au féminin d’autant plus problématique qu’il y est aussi puissamment exalté que terriblement refoulé. Ces mouvements nationalistes, d’hier et d’aujourd’hui, n’échappent pas à l’observation. Ils ont prétendu, les armes à la main, un Occident « guerrier » et « solaire », qui serait « supérieur » à un Orient « passif » et « lunaire ». Seulement, voici : trésor de la langue sacrée, en arabe, soleil est féminin, Shams, et lune est masculin, Qamar.

Parmi les premiers à apporter le jazz à la variété française, en 1939, Charles Trenet chantait Le Soleil et la lune.

https://youtu.be/RShIJvrjD80


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